L’annonce de l’installation du Family Office d’Aliko Dangote à Dubaï a suscité l’intérêt de nombreux observateurs économiques. Le célèbre industriel nigérian, emblème du développement industriel en Afrique, a fait le choix de l’émirat pour gérer une partie importante de son patrimoine. Ce mouvement met en lumière une stratégie réfléchie où les considérations fiscales et économiques jouent un rôle central, illustrant un phénomène croissant parmi les grandes fortunes africaines. Décortiquons cette décision et ses répercussions.
Dubaï, une terre promise pour les grandes fortunes
Le choix de Dubaï par Aliko Dangote n’est pas anodin. L’émirat offre une fiscalité particulièrement attractive pour les grandes fortunes. D’abord, l’absence d’impôt sur le revenu pour les personnes physiques permet aux résidents de maximiser leurs revenus. Ensuite, même si un impôt de 9 % sur les bénéfices des sociétés a été introduit pour les entreprises générant plus de 375 000 AED (environ 95 000 euros), cette mesure ne concerne pas celles opérant dans les zones franches. Des centres comme le Dubai International Financial Centre (DIFC) profitent d’une exonération totale, à condition de ne pas commercer directement avec des entreprises locales.
En parallèle, l’absence d’impôt sur la fortune, les successions et les donations représente un avantage capital pour la planification à long terme. Cela permet à Dangote de transmettre ses actifs à sa descendance sans contraintes fiscales excessives, assurant ainsi la pérennité de son empire financier pour les générations futures.
L’affaiblissement du naira : un élément déclencheur
Cependant, au-delà des seuls avantages fiscaux, l’instabilité économique au Nigeria a sans doute pesé lourd dans la décision de l’industriel. La dévaluation du naira a entraîné une perte de plus de 50 % de la valeur de la monnaie locale en seulement quelques mois. Pour Aliko Dangote, cette chute a directement affecté ses actifs domestiques, notamment dans le secteur du ciment où il détient une participation importante via Dangote Cement. La perte estimée pour l’homme d’affaires dépasse 5 milliards de dollars.
Dans ce contexte, déplacer une partie de ses actifs à l’international devient une nécessité. En choisissant Dubaï, Dangote cherche à protéger sa fortune des aléas de l’économie nigériane et à s’exposer à un environnement plus stable. Cette décision lui permet également de sécuriser son patrimoine face aux fluctuations imprévisibles du naira.
Dubaï : un hub financier mondial en expansion
Le positionnement stratégique de Dubaï en tant que centre financier international fait également partie des facteurs décisifs. L’émirat est devenu un carrefour pour les investisseurs cherchant à diversifier leurs actifs à l’échelle mondiale. Avec sa localisation géographique idéale, Dubaï relie l’Asie, l’Afrique et l’Europe, facilitant les échanges commerciaux et l’accès à des opportunités d’investissement sur des marchés en croissance.
Le DIFC, en particulier, est un écosystème financier qui séduit de plus en plus de gestionnaires de fortune. Ses régulations flexibles et son environnement sécurisé attirent des entreprises internationales désireuses d’opérer dans un cadre favorable à l’innovation. De plus, l’infrastructure moderne de Dubaï, combinant innovation technologique et cadre administratif efficace, crée un environnement propice pour les Family Offices cherchant à protéger et développer leur patrimoine.
Une tendance croissante chez les milliardaires africains
Le cas d’Aliko Dangote s’inscrit dans une tendance plus large. De nombreux milliardaires africains, comme l’Égyptien Nassef Sawiris, choisissent Dubaï ou d’autres juridictions du Golfe pour la gestion de leurs fortunes. Cette migration reflète un besoin de sécurité économique et de stabilité juridique, souvent absentes dans les économies africaines en proie à des fluctuations monétaires et politiques fréquentes.
Pour ces élites, diversifier leurs actifs à l’international et les gérer depuis des juridictions offrant un cadre fiscal favorable est une stratégie de plus en plus prisée. Cette tendance marque un tournant dans la manière dont les grandes fortunes africaines envisagent la gestion de leur patrimoine, avec des implications considérables pour les économies locales.