spot_imgspot_imgspot_img

Exploitation des minerais de transition : La RDC, l’Afrique du Sud et la Zambie à l’aube d’une révolution économique de 32 milliards de dollars

Partager

L’Afrique est en passe de devenir un acteur incontournable dans le secteur des minerais de transition, des ressources clés pour l’industrie mondiale de l’énergie renouvelable. D’après les récentes recherches de « Publish What You Pay » (PCQVP), le continent pourrait ajouter jusqu’à 24 milliards de dollars par an à son produit intérieur brut (PIB) et créer 2,3 millions d’emplois supplémentaires en valorisant ces ressources sur place. Une opportunité qui pourrait transformer les économies africaines, mais qui nécessite une approche concertée et stratégique de la part des gouvernements.

Vers une meilleure intégration dans les chaînes de valeur mondiales

Actuellement, seulement 2 % des exportations de minerais de transition énergétique africains sont destinées aux pays du continent. La grande majorité de ces ressources brutes quitte l’Afrique pour être traitée et transformée ailleurs, notamment en Asie et en Europe. Cette situation prive les pays producteurs de la majeure partie des bénéfices générés par ces minerais, qui atteignent leur plein potentiel économique après transformation.

Selon le rapport, si les pays africains renforcent leur coopération et développent des infrastructures industrielles pour la transformation locale, les exportations annuelles de produits traités pourraient atteindre 32 milliards de dollars. Cela permettrait de faire passer le continent du statut de fournisseur de matières premières à celui d’acteur clé des chaînes de valeur globales, tout en ajoutant jusqu’à 24 milliards de dollars au PIB de l’Afrique.

Les grands acteurs : RDC, Afrique du sud et Zambie

La République Démocratique du Congo (RDC), l’Afrique du Sud, la Zambie, ainsi que d’autres pays riches en minerais, tels que le Soudan et la République du Congo, concentrent 90 % du potentiel africain pour les exportations de minerais transformés. Le cobalt, le lithium, le manganèse et le graphite, présents en abondance dans ces régions, sont essentiels pour la fabrication de batteries et autres technologies nécessaires à la transition énergétique mondiale.

Ces pays doivent exploiter leur position stratégique en investissant dans les infrastructures de transformation, en renforçant la transparence du secteur et en créant des partenariats régionaux solides. Par ailleurs, des nations comme le Maroc, la Namibie, le Mozambique et l’Égypte, bien que moins riches en minerais de transition, peuvent également profiter de l’essor de ce secteur en développant des industries complémentaires et des accords commerciaux adaptés.

Défis environnementaux et sociaux : un coût à intégrer dans l’équation

L’industrie minière, malgré ses promesses économiques, comporte des coûts environnementaux et sociaux élevés. Les communautés locales subissent souvent les conséquences néfastes de l’exploitation minière, avec des impacts sur leur santé et leur environnement. Les gouvernements africains doivent veiller à instaurer des réglementations strictes pour protéger les populations affectées et garantir une exploitation durable des ressources.

Les experts de PCQVP soulignent l’importance d’instituer des mécanismes de consentement libre, préalable et éclairé pour les communautés locales. Cela permettrait d’assurer que l’exploitation minière se fasse dans le respect des droits des populations et de l’environnement, tout en évitant les conflits sociaux.

Diversification des activités et autonomisation énergétique

La transformation locale des minerais de transition peut également offrir une opportunité unique pour le développement des infrastructures énergétiques africaines. En produisant sur place des technologies d’énergie renouvelable telles que des panneaux solaires et des batteries, le continent pourrait améliorer son accès à une énergie propre et abordable, réduisant ainsi sa dépendance aux énergies fossiles et aux importations coûteuses.

Avec une politique de valorisation des minerais bien définie, l’Afrique a le potentiel de devenir un acteur majeur dans le domaine des énergies renouvelables. Cela nécessiterait la mise en place de stratégies de coopération économique régionales et d’accords commerciaux préférentiels pour favoriser l’exportation de produits finis plutôt que de matières premières brutes.

Renégocier les accords internationaux : un enjeu stratégique

Les actuels traités d’investissement bilatéraux, souvent déséquilibrés, permettent aux entreprises de contester les politiques nationales visant à réglementer le secteur minier. Pour que les pays africains puissent pleinement tirer parti de leurs ressources, il est crucial de renégocier ces accords afin de garantir qu’ils puissent mettre en œuvre des régulations qui protègent l’intérêt public et renforcent la transparence et la responsabilité dans le secteur.

Les partenariats internationaux doivent également respecter les ambitions des pays africains en matière de développement industriel. Des initiatives telles que les protocoles d’accord signés par l’Union européenne avec la Namibie et le Rwanda, ou avec la RDC et la Zambie, montrent une volonté de soutenir le développement de la chaîne de valeur locale. Cependant, ces engagements doivent être accompagnés d’actions concrètes en matière de transfert de technologies et d’investissements.

En valorisant leurs ressources et en développant des capacités de transformation sur place, les pays africains peuvent non seulement augmenter leurs revenus, mais aussi bâtir des économies plus résilientes et plus autonomes. Le défi consiste maintenant à mettre en place les politiques et les infrastructures nécessaires pour réaliser ce potentiel.

M. KOSI

En savoir +

A la Une