L’urbanisation effrénée des cités congolaises se trouve à l’heure du choix crucial, alors que le secteur minier en République Démocratique du Congo (RDC) continue sa croissance fulgurante.
À Kolwezi, le bastion des richesses minérales du pays, les habitations surgissent telles des oasis au milieu du désert, érigées majoritairement sur les précieuses nappes d’or, de cuivre et de cobalt qui forment les veines du copperbelt katangais. Certaines âmes intrépides, poussées par la fièvre des minerais, creusent même sous leur propre toit à la recherche de ces trésors.
Dans cette métropole du Lualaba, les mines à ciel ouvert cohabitent avec les paisibles foyers, tandis que d’autres, souterraines, se tapissent sous les quartiers résidentiels, menaçant ainsi les nappes phréatiques et l’écosystème. Un dilemme complexe pour les autorités, qui doivent arbitrer entre l’expansion urbaine et la préservation des richesses minières, souvent perçues comme antagonistes.
Cependant, un modèle de coexistence harmonieuse entre l’urbanisation et l’industrie minière s’esquisse dans la lointaine Johannesburg, en Afrique du Sud.
La cité aurifère se révèle être un exemple édifiant de gestion des éventuels conflits entre ces deux sphères, métamorphosant une région minière en un pôle urbain florissant. Comment Johannesburg a-t-elle réussi ce pari ? Voici le récit.
Pour retracer brièvement son histoire, Johannesburg, située dans la province de Gauteng, a été fondée en 1886, à la faveur de la découverte d’importantes gisements d’or dans la région. Cette trouvaille a attiré une main-d’œuvre considérable, transformant la ville en un bastion de l’industrie minière. Pendant des décennies, l’extraction aurifère a soutenu l’économie locale, laissant toutefois derrière elle un paysage altéré et des problèmes environnementaux majeurs.
Au fil des ans, Johannesburg a accompli une métamorphose spectaculaire, passant d’une ville tournée exclusivement vers l’industrie minière, à une métropole moderne, diversifiée économiquement. Au lieu de s’enliser dans la dépendance à l’industrie minière, comme on peut l’observer à Kolwezi en RDC, Johannesburg a diversifié son tissu économique, embrassant la finance, les technologies de l’information, le tourisme et les services. Cette diversification a réduit la vulnérabilité de la ville aux soubresauts du marché minier et a stimulé sa croissance globale.
Le réaménagement des anciennes zones minières dévastées a constitué un pilier essentiel de cette transformation. Les mines abandonnées ont été reconverties en espaces verts, musées et attractions touristiques. À titre d’exemple, le parc Gold Reef City occupe l’emplacement d’une ancienne mine, offrant désormais des divertissements et des activités de loisirs tout en préservant l’héritage minier de la région. En outre, des régulations environnementales strictes ont été mises en place pour atténuer les impacts négatifs sur l’environnement.
Johannesburg a également investi massivement dans le développement de ses infrastructures pour soutenir la croissance économique et améliorer la qualité de vie de ses citoyens. Cette démarche a séduit des entreprises et des investisseurs internationaux, renforçant ainsi le développement économique de la ville. Kolwezi, quant à elle, se trouve à un carrefour similaire, avec des projets ambitieux d’urbanisme, notamment la construction d’autoroutes, l’aménagement de l’échangeur de Kolwezi, la création de bâtiments administratifs modernes et de quartiers résidentiels contemporains. L’avenir dira si ces efforts la propulseront sur la voie de la prospérité.
En plus de ces avancées, Johannesburg a misé sur le tourisme et la culture pour dynamiser son économie et accroître son attrait. La ville regorge de sites touristiques, tels que le musée de l’apartheid, qui retrace l’histoire du pays, et le quartier de Newtown, parsemé de galeries d’art et de théâtres. En valorisant ces atouts culturels, Johannesburg s’est imposée comme une destination prisée des voyageurs, engendrant ainsi des emplois et des recettes supplémentaires.
Johannesburg illustre magistralement comment le développement urbain peut s’harmoniser avec les activités minières. À travers la réhabilitation des zones minières, l’investissement dans les infrastructures et la promotion du tourisme et de la culture, la ville s’est transmuée d’un bastion minier en une métropole florissante et contemporaine. Même si des défis subsistent, notamment la réduction des inégalités socio-économiques et la préservation de l’environnement, Johannesburg incarne l’espoir que le développement urbain et l’industrie minière puissent marcher main dans la main.
Cette problématique cruciale sera au cœur de la septième édition du Salon du Développement des Villes en République Démocratique du Congo, baptisé « ExpoBeton RDC« . Initialement prévu du 6 au 9 septembre 2023 à l’Hémicycle de l’Assemblée Provinciale du Lualaba à Kolwezi, capitale mondiale du cobalt en pleine mutation immobilière, l’événement a été reporté à la fin du mois de septembre de cette année pour une harmonisation technique d’agenda avec les officiels et les participants internationaux. Ce rendez-vous s’annonce comme une opportunité majeure pour réfléchir à l’avenir de Kolwezi et déterminer comment la ville peut concilier son essor urbain avec les impératifs du secteur minier, à l’instar de Johannesburg.