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Finance publique : le ministère dément tout décaissement pour une prison à Kisangani et relance l’alerte sur les comptes spéciaux

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Aucun franc congolais n’a été décaissé par le Trésor pour une quelconque construction de prison à Kisangani. Le ministère des Finances a formellement démenti cette rumeur le 12 mai 2025, par un communiqué signé de son directeur de cabinet, Alain Malata Kafunda. À ce jour, aucun ordre de paiement, aucun engagement budgétaire n’a été émis par ses services pour un tel chantier.

L’administration des Finances insiste : ni le Trésor, ni les comptes sous sa supervision, n’ont été mis à contribution pour financer un projet carcéral à Kisangani. Si des fonds ont été mobilisés ailleurs, le ministère n’en assume ni la provenance ni la traçabilité.

Dans ce contexte, la note officielle rappelle l’existence en RDC de plusieurs mécanismes de financement échappant à la gestion directe du Trésor. Des comptes dits “spéciaux”, logés dans différentes institutions, permettent à certains projets d’être exécutés en marge des circuits budgétaires traditionnels. C’est précisément ce type d’opacité que l’État tente de réduire via la réforme du Compte Unique du Trésor, présentée depuis 2024 comme un outil essentiel de consolidation fiscale.

Validée par le Conseil des ministres, cette réforme vise à recentraliser les flux financiers de l’administration publique. Selon une source au ministère, plus de 68 % des paiements publics transitent encore par des voies parallèles, alimentant des zones grises budgétaires qui compliquent les efforts de traçabilité.

L’affaire du prétendu paiement à Kisangani met une nouvelle fois en lumière ces dysfonctionnements. Le gouvernement Suminwa, en poste depuis bientôt un an, s’est fixé comme priorité l’assainissement des finances de l’État. Dans les premiers mois de son mandat, plusieurs rapports de la Cour des comptes et de la CENAREF ont déjà conduit à des sanctions administratives, voire des procédures judiciaires.

Pour le ministère des Finances, il s’agit aussi de répondre à une pression accrue des bailleurs internationaux. Le FMI, dans sa revue du programme conclu avec la RDC, a exigé un renforcement du contrôle budgétaire et une meilleure transparence sur l’exécution des dépenses publiques. Le message est clair : sans rigueur, pas de décaissements.

Le ministère en appelle à la vigilance. Les rumeurs sur les réseaux sociaux, quand elles visent des institutions financières, ne sont pas de simples polémiques virtuelles. Elles peuvent nuire à la crédibilité du pays sur les marchés, retarder les décaissements extérieurs ou fragiliser la coopération avec les agences multilatérales. Un rappel à l’ordre, en filigrane, pour les acteurs institutionnels tentés de contourner les règles de dépense publique.

Dans cette affaire, le ministère ne se contente pas d’un démenti. Il réaffirme sa ligne : une gouvernance financière rigoureuse, fondée sur des contrôles indépendants, en collaboration avec la Cour des comptes, la CENAREF, le CONASAFIC et les institutions de supervision externe.

prison à kisangani

— M. KOSI

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