Le Fonds monétaire international a validé un décaissement de 262,9 millions de dollars à la République démocratique du Congo, suite à la première revue de son programme au titre de la Facilité élargie de crédit. Cette injection de liquidités doit renforcer les réserves internationales de la Banque centrale, qui jouent un rôle essentiel dans la stabilité macroéconomique et la gestion des chocs extérieurs.
L’économie congolaise affiche une croissance soutenue, estimée à 6,5 % pour l’année 2024, portée essentiellement par le secteur minier. Cette performance reflète la forte demande mondiale pour les ressources naturelles, qui alimente les exportations et améliore le compte courant. Ce dernier connaît une contraction du déficit, grâce à une meilleure collecte des recettes extérieures et à une gestion plus rigoureuse des importations. L’accumulation progressive des réserves de change, qui ont augmenté de 10 % sur les six premiers mois, traduit cet effort.
La politique monétaire restrictive de la Banque centrale a permis de ramener l’inflation annuelle de 23,8 % fin 2023 à 11,7 % à fin 2024. Cette trajectoire descendante devrait se poursuivre pour atteindre 8,5 % à la mi-2025, un chiffre encore élevé mais qui témoigne d’une correction notable après plusieurs années d’hyperinflation. La maîtrise de la masse monétaire, dans un contexte de tension sécuritaire et d’augmentation des dépenses publiques, reste un exercice délicat.
Le déficit budgétaire intérieur, sur base caisse, a atteint 0,8 % du PIB, dépassant la cible fixée à 0,3 %. Ce dépassement s’explique par l’intensification des dépenses liées à la sécurité et à certains investissements publics urgents, dans un contexte de conflit armé persistant dans l’Est du pays. Par ailleurs, les actifs en devises détenus par la BCC dans les banques locales n’ont pas progressé comme prévu, en raison notamment d’un paiement plus élevé que prévu d’impôts en devises sur les comptes publics.
Ces résultats soulignent la tension entre les impératifs de stabilité macroéconomique et les pressions sécuritaires qui pèsent sur les finances publiques. La poursuite du programme avec le FMI dépendra de la capacité des autorités à contenir ces dépenses exceptionnelles tout en poursuivant les réformes structurelles nécessaires. La trajectoire d’inflation, la consolidation des réserves et la réduction du déficit externe restent des points déterminants pour la résilience économique du pays dans les prochains trimestres.
— Peter MOYI