Kinshasa : le télétravail proposé comme alternative face à la paralysie du transport urbain

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embouteillages à Kinshasa (1)

Kinshasa suffoque sous le poids de ses propres décisions. Alors que la circulation des poids lourds avait été restreinte par les autorités provinciales, provoquant des embouteillages monstres et un ralentissement brutal de l’approvisionnement des marchés, des voix s’élèvent pour appeler à des solutions durables. Parmi elles, celle de l’économiste Patrice Musoko, qui suggère une approche rarement évoquée dans le contexte congolais : le télétravail.

Pour ce président de l’Association des consommateurs de produits vivriers (Ascovi), la solution aux bouchons quotidiens et aux tensions économiques passe aussi par l’adoption progressive du travail à distance dans certaines administrations et entreprises. Une manière de désengorger les routes, mais aussi d’optimiser les ressources en limitant les déplacements non essentiels.

La grogne récente des transporteurs, suite aux restrictions provinciales, a illustré la fragilité du circuit logistique de Kinshasa. Des camions immobilisés, des marchandises bloquées aux portes de la capitale et une menace réelle sur les prix des produits de première nécessité. "Les décisions locales ont eu un impact direct sur l’économie nationale" résume Musoko, qui regrette l’absence de concertation préalable avec les acteurs du secteur.

Les effets collatéraux se font sentir jusque dans les habitudes commerciales. Contraints de modifier leurs horaires, de nombreux commerçants sont désormais obligés de réceptionner leurs produits la nuit, dans une ville où l’insécurité urbaine reste préoccupante. "On ne peut pas demander à des détaillants de travailler de nuit sans leur garantir un minimum de sécurité", insiste Musoko.

Face au risque d’une crise d’approvisionnement, le ministère de l’Économie nationale a réagi en autorisant la libre circulation des poids lourds, contredisant ainsi les décisions de l’exécutif provincial. Un geste d’apaisement pour éviter une pénurie et rassurer les opérateurs économiques.

Cette cacophonie institutionnelle rappelle une réalité persistante à Kinshasa : les décisions de gouvernance doivent être coordonnées, mesurées, et surtout ancrées dans la réalité économique de la ville. La question de la mobilité ne peut être dissociée d’une réflexion plus large sur l’aménagement urbain, la digitalisation du travail et la sécurité des transactions.

M. MASAMUNA

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