Les récentes fluctuations des prix des denrées alimentaires sur le marché de Kisangani, chef-lieu de la province de Tshopo, soulèvent des préoccupations parmi les consommateurs et les commerçants. La hausse significative des coûts est principalement attribuée à une pénurie résultant de la détérioration des routes, notamment la route nationale numéro 4 (RN4), qui relie Kisangani à Beni dans la province du Nord-Kivu.
Ce tronçon, devenu particulièrement difficile à naviguer avec l’arrivée des pluies, est parsemé de bourbiers qui immobilisent des centaines de camions transportant des tonnes de produits alimentaires. Ces retards entraînent la décomposition des marchandises, affectant ainsi l’approvisionnement dans la ville. Selon un rapport d’un journaliste de Radio Okapi, ces camions peuvent rester bloqués pendant des jours, voire des semaines, entraînant une perte considérable pour les commerçants.
Un conducteur, qui a quitté Butembo il y a plus de deux semaines, témoigne : « J’ai passé quatre jours coincé dans cette situation. Je transportais 17 tonnes d’oignons et d’ail, et tout est avarié. Je ne sais pas comment je vais faire face à cette perte. » Les marchandises qui parviennent à atteindre Kisangani ne sont souvent pas en état d’être vendues. Les commerçants ne récupèrent qu’une infime partie de leurs cargaisons, et les odeurs des légumes pourris remplissent l’air du marché.
Cette situation, causée par des infrastructures défaillantes, force les commerçants à ajuster leurs prix pour compenser les pertes subies. Un revendeur de légumes explique : « La route est en très mauvais état. Le prix d’un kilo d’oignons a grimpé de 200 à 8 000 francs congolais, tandis qu’une mesure de haricots, qui coûtait entre 1 000 et 1 500 francs, est désormais vendue à 3 000 francs. » Ces hausses de prix représentent une augmentation significative de 300 à 400 %, impactant gravement le pouvoir d’achat des consommateurs.
Pour remédier à cette crise, les camionneurs et commerçants appellent le Gouvernement à accélérer l’asphaltage de la RN4. En janvier 2024, une première pierre avait été posée par le ministre des Infrastructures et Travaux publics pour entamer les travaux d’asphaltage, mais jusqu’à présent, aucune avancée n’a été observée.
Les défis de transport et d’approvisionnement en denrées alimentaires à Kisangani mettent en lumière l’importance d’infrastructures fiables pour assurer une chaîne d’approvisionnement stable et à des prix raisonnables pour les consommateurs. En attendant des mesures concrètes, la population de Kisangani doit composer avec cette situation précaire.
M.KOSI