La relance de la Minière de Bakwanga (MIBA) continue d’être un sujet brûlant dans le paysage économique de la République Démocratique du Congo. Depuis plusieurs décennies, cette entreprise publique, autrefois florissante, peine à retrouver son élan malgré des tentatives répétées de redressement.
Dès les années 1990, la MIBA a commencé à montrer des signes alarmants de déclin. La production a chuté de manière significative, enregistrant une baisse de plus de 50 % en cinq ans. Parallèlement, les conditions de travail se sont détériorées, et les cas de vol, souvent orchestrés par des responsables de l’entreprise, se sont multipliés. Au début des années 2000, des diamants de grande valeur ont été dérobés, marquant un tournant dans la crise que traverse cette société.
L’arrêt total de la production entre 2008 et 2021 a exacerbé les difficultés. Pendant cette période, diverses initiatives ont été entreprises pour relancer l’activité, mais sans succès tangible. En mai 2020, le Président Félix Tshisekedi, tout juste élu, a commandité un audit gouvernemental pour faire le point sur la situation de la MIBA. Les résultats, sans surprise, ont révélé des dysfonctionnements profonds au sein de l’entreprise.
Le gouvernement de l’époque, sous pression, a débloqué 5 millions de dollars en vue de relancer les opérations. Cependant, ce financement s’est avéré largement insuffisant pour permettre une reprise complète et durable. Les critiques n’ont pas tardé à fuser, dénonçant une gestion hasardeuse et un manque de vision claire pour l’avenir de la MIBA.
En novembre 2020, le Député national Eric Ngalula llunga a tenté de raviver l’espoir en annonçant un nouveau financement destiné à redémarrer la production, après plus d’une décennie de paralysie. Un an plus tard, en décembre 2021, lors de sa visite à Mbuji-Mayi, le Président Tshisekedi a réitéré son engagement : « Je vous promets que nous allons relancer la MIBA. Notre MIBA sera relancée parce que la MIBA a encore des richesses. »
Malgré ces promesses, les plans de relance se sont enchaînés sans résultats concrets. En 2022, le gouvernement de Jean-Michel Sama Lukonde a présenté un plan global de 161 millions de dollars pour remettre l’entreprise sur pied. Ce plan, suivi d’une nouvelle annonce en 2023 pour un financement de 453 millions de dollars, n’a pas suffi à redémarrer l’activité.
Le 23 août dernier, le gouvernement dirigé par Judith Suminwa a présenté une nouvelle stratégie de relance, cette fois-ci chiffrée à 70 millions de dollars. Ce plan suscite autant d’espoir que de scepticisme, tant les tentatives précédentes ont échoué à sortir la MIBA de l’impasse.
En 2026, les projections indiquent une production annuelle potentielle de 2,4 millions de carats, ce qui pourrait générer un chiffre d’affaires de 59 millions de dollars. Mais ces prévisions ne pourront se concrétiser qu’avec une volonté politique forte et une gestion rigoureuse.
Fondée en 1961, la MIBA, autrefois pilier de l’économie congolaise, se retrouve aujourd’hui à la croisée des chemins. Son avenir dépendra de la capacité des autorités à surmonter les défis actuels et à redonner à cette entreprise stratégique sa place dans l’économie nationale.
M. KOSI