Lors d’une audience réunissant le corps diplomatique en RDC le 5 mars 2025, la ministre d’État chargée des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, a exigé la mise en place d’un embargo sur les produits miniers exportés par le Rwanda. Elle a expliqué que ses équipes, en s’appuyant sur un rapport d’experts ainsi que sur des données nationales, ont établi un lien direct entre l’exploitation des ressources en RDC et leur acheminement vers le Rwanda. Selon la ministre, ces produits proviennent de zones où l’extraction s’effectue dans des conditions non conformes aux normes légales et éthiques.
Dans l’Est du pays, la situation se caractérise par des opérations minières irrégulières. Un rapport des Nations Unies, diffusé en janvier, indique que la coalition formée par l’Alliance Fleuve Congo et le M23 a acheminé près de 150 tonnes de coltan depuis la cité minière de Rubaya vers le Rwanda, depuis laquelle le groupe armé a instauré une gestion parallèle. Ces minéraux, une fois intégrés dans la production rwandaise, perturbent la traçabilité de la chaîne d’approvisionnement des produits dits « 3T » regroupant étain, tantale et tungstène dans la région des Grands Lacs.
Les mêmes investigations révèlent que le duo AFC-M23 prélève un impôt sur la production et le commerce du coltan à Rubaya, générant environ 800 000 dollars américains par mois. Une taxe de 7 dollars par kilogramme est appliquée sur le coltan et le manganèse, tandis que 4 dollars par kilogramme sont perçus sur la cassitérite. Ces revenus servent à financer les opérations militaires du groupe sur le terrain.
En réponse au soutien apporté par les Forces rwandaises de défense aux activités du M23, l’Union européenne a annoncé qu’elle procéderait à un réexamen de l’accord sur les matières premières critiques signé avec le Rwanda en 2024. Cette révision intervient dans un contexte de pertes économiques importantes pour la RDC, où les flux miniers illicites affectent la stabilité de la région et le développement des secteurs liés aux ressources naturelles.
— M. KOSI






