Par Mitterrand Masamuna, Journaliste économique
L’agence renommée de notation Moody’s a récemment pris la décision de maintenir la note de la dette de la République du Congo, en monnaie locale et en devises, à un niveau de « Caa2« , tout en la maintenant assortie d’une perspective stable. Cette décision délicate trouve sa justification dans un certain nombre de facteurs qui méritent une analyse approfondie.
Le principal argument avancé par Moody’s est lié à la gestion des finances publiques de la République du Congo. En effet, l’agence a pointé du doigt la faiblesse de cette gestion, qui, combinée au fardeau élevé de la dette et à une forte dépendance des recettes, expose les finances publiques congolaises à une vulnérabilité significative aux fluctuations des prix du pétrole. Cette critique ciblée est en adéquation avec l’objectif de Moody’s d’évaluer de manière minutieuse la santé financière des nations souveraines.
Une différence d’opinion apparaît ici avec l’agence S&P, qui avait augmenté la note du Congo en août dernier, motivée par l’amélioration de la production pétrolière. Il est vrai que Brazzaville est en passe de profiter de l’augmentation de sa production d’hydrocarbures, grâce à la mise en production de nouveaux champs pétroliers et gaziers, en plus de la hausse des cours mondiaux du pétrole. Toutefois, la République du Congo se trouve dans une situation délicate en raison de sa forte dépendance à l’égard de cette manne pétrolière (représentant 73,11% des exportations du pays et 53% des recettes publiques selon l’ITIE), ce qui l’expose aux aléas des cours du pétrole.
Moody’s évoque cette précarité en précisant que « la République du Congo dépend fortement des exportations de pétrole. Compte tenu du poids très élevé de la dette publique et de l’absence de stabilisateurs économiques, des risques aigus de liquidités peuvent apparaître lors d’un choc pétrolier qui mettrait en péril la capacité du pays à honorer ses obligations de paiement de la dette. »
Par ailleurs, l’agence met également en garde en soulignant que, même en cas d’augmentation des revenus issus des hydrocarbures, ceux-ci ne seraient pas suffisants à court terme pour résorber les arriérés intérieurs de l’État.
Néanmoins, Moody’s laisse entrevoir un scénario optimiste en annonçant que la note du Congo pourrait être revue à la hausse si les pressions sur les liquidités du gouvernement s’atténuent, grâce au renforcement des capacités de gestion des liquidités et à l’amélioration des antécédents en matière de service de la dette. Cette perspective offre un espoir à la République du Congo pour améliorer sa situation financière et renforcer sa stabilité économique à l’avenir.
Signé par Mitterrand Masamuna, Journaliste économique