Alors que le marché des matières premières traverse une période marquée par des incertitudes, l’aluminium illustre parfaitement la complexité des interactions entre les réalités économiques mondiales et les évolutions locales. Ce métal, essentiel à de nombreuses industries, continue de subir les effets combinés de décisions macroéconomiques, de tensions géopolitiques et de fluctuations de la demande.
En Chine, les annonces récentes visant à stimuler la consommation traduisent une volonté politique de maintenir une croissance interne solide. La promesse d’une politique budgétaire proactive pour 2025 envoie des signaux positifs, bien que les effets réels sur l’activité industrielle restent à confirmer. À l’international, la légère remontée de l’indice des prix à la consommation aux États-Unis à 2,9 % relance les spéculations autour des décisions monétaires de la Réserve fédérale, avec une anticipation accrue de baisses de taux cette année. Cependant, l’ombre de l’inflation persiste, alimentée par des indicateurs économiques comme l’indice des prix à la production, qui déçoit les prévisions.
Dans ce climat incertain, les relations commerciales entre les États-Unis et la Chine ajoutent une couche supplémentaire de volatilité. Les restrictions intensifiées sur les exportations chinoises reflètent des tensions géopolitiques profondes, tandis que Pékin, loin de céder, maintient une posture résolument confiante sur sa capacité à résister à ces pressions. Les impacts spécifiques de ces mesures sur les secteurs industriels, notamment celui de l’aluminium, sont encore en cours d’évaluation.
Sur le plan intérieur, les producteurs chinois d’aluminium évoluent dans un contexte où les marges restent sous pression. Malgré une capacité de production globalement stable, les entreprises font face à des pertes persistantes, freinant toute tentative de redémarrage des lignes de production arrêtées. Les coûts de production, bien qu’en légère diminution, s’élèvent encore à environ 2 683 USD par tonne, rendant difficile une amélioration de la rentabilité. La baisse des prix de l’alumine contribue à cette tendance, mais elle demeure insuffisante pour compenser les charges élevées liées à l’énergie, particulièrement dans le sud-ouest de la Chine.
L’approche du Nouvel An chinois accentue encore davantage les défis liés à la demande. Les activités des usines de transformation ralentissent progressivement, réduisant considérablement les volumes consommés. Toutefois, un facteur positif émerge : les stocks de lingots d’aluminium, touchant leur plus bas niveau en trois ans, offrent une perspective haussière pour les prix à court terme. Cette rareté relative pourrait jouer un rôle stabilisateur dans un marché par ailleurs marqué par une volatilité accrue.
Les semaines à venir s’annoncent déterminantes pour l’évolution du marché de l’aluminium. Les prix oscillent autour de niveaux stratégiques, entre 2 726 et 2 808 USD par tonne sur le marché domestique chinois, et entre 2 550 et 2 680 USD sur le London Metal Exchange. Ces prévisions restent cependant conditionnées par de nombreux facteurs, tels que l’évolution des tensions géopolitiques, la reprise économique post-festivités en Chine, et les ajustements possibles des politiques monétaires dans les principales économies.
Face à ces incertitudes, l’aluminium demeure une matière première incontournable, exposée à des pressions globales mais porteuse de potentielles opportunités pour les investisseurs avertis. L’interaction entre coûts de production, fluctuations de la demande et stratégies économiques continuera de façonner l’équilibre du marché dans les mois à venir.
— Peter MOYI