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Le diamant et l’or : moteurs discrets de l’économie congolaise en 2024

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En République démocratique du Congo, l’année 2024 a confirmé le rôle central du secteur minier dans l’économie nationale. Entre janvier et septembre, le pays a produit près de 7 millions de carats de diamant, une richesse naturelle qui continue de susciter l’intérêt des marchés internationaux.

Ces volumes, évalués à 66,4 millions USD, reflètent une relation particulière entre l’exploitation artisanale, dominante, et une industrie structurée mais encore en quête de stabilité. Avec 5 millions de carats issus de l’artisanat, ce secteur se positionne comme la pierre angulaire de l’extraction de diamants, loin devant les 2 millions de carats produits industriellement.

Malgré ces chiffres prometteurs, des disparités importantes marquent le paysage. La Société Anhui-Congo d’Investissement Minier (SACIM), leader incontesté, représente 98 % de la production industrielle. Pendant ce temps, la Minière de Bakwanga (MIBA), autrefois un fleuron, peine à redémarrer ses activités. Depuis mars 2024, aucune production n’a été enregistrée par cette entreprise, limitant son influence sur le marché.

Le Kasaï Oriental, véritable poumon de la production artisanale, a assuré à lui seul 98,9 % des volumes extraits dans ce segment. Cette région, historiquement liée au diamant, reste le symbole des richesses inexploitées du pays, tout en illustrant les défis d’un secteur peu mécanisé et fortement dépendant de l’artisanat.

En parallèle, les exportations de diamants ont été portées par des acteurs artisanaux, tandis que les entreprises comme la MIBA se sont limitées à des ventes locales. La SACIM, quant à elle, continue d’assurer sa présence sur les marchés internationaux, marquant ainsi la frontière entre une exploitation structurée et les défis de la régulation artisanale.

D’un autre côté, la production aurifère a connu une année impressionnante. Avec 20,7 tonnes d’or extraites sur la même période, pour une valeur marchande dépassant 1,1 milliard USD, le métal jaune confirme sa place dans les recettes stratégiques du pays. Le complexe minier de Kibali Gold Mine s’impose comme un acteur incontournable, à l’origine de plus de 19,5 tonnes d’or, valorisées à 1 milliard USD.

Dans le domaine de l’or artisanal, la province du Sud-Kivu domine largement avec 91 % de la production. Ce chiffre témoigne de l’importance des activités locales, mais également des faiblesses d’un secteur marqué par l’informalité.

Ces données confirment que si le sous-sol congolais regorge de richesses, la gestion et la structuration des filières restent des défis majeurs. La montée en puissance de l’exploitation artisanale pose la question de l’équilibre entre développement local et optimisation des recettes fiscales. Dans un monde où la demande en ressources minières ne faiblit pas, la RDC est à la croisée des chemins : renforcer les cadres institutionnels ou risquer de voir ses trésors s’épuiser sans bénéficier à l’ensemble de sa population.

— Peter MOYI

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