Par Mitterrand Mass, Journaliste économique
La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), qualifiée de rempart face aux vicissitudes économiques interafricaines, pourrait bien être le catalyseur propice à l’atteinte de l’autosuffisance en sucre pour le continent africain. Les conclusions émanant du récent rapport, daté du 2 novembre 2023, émanant d’Écofin pro, une émanation réflexive de l’agence éponyme dédiée aux professionnels, sont éloquemment révélatrices.
La ZLECAF : Un Levier pour la Réorganisation des Échanges
Intitulé « Le Marché Africain du Sucre à l’Heure de la ZLECAF », ce rapport met en lumière l’impact potentiel de la ZLECAF sur la répartition des flux commerciaux sucriers. En effet, cette initiative, une fois pleinement opérationnelle, favorisera une redistribution équitable entre les zones excédentaires et structurellement déficitaires, tout en instillant une impulsion significative dans la production et la transformation de cette denrée fondamentale.
Le rapport rappelle que l’Afrique a généré 10,9 millions de tonnes de sucre en 2019, représentant environ 6% de l’offre mondiale, soit la moitié de la production indienne.
Une Distribution Inégale de la Production Sucrière
Le constat amer évoqué dans le rapport concerne la distribution inégale de la production sucrière sur le continent. Les régions de l’Afrique australe, du Nord et de l’Est monopolisent plus de 80% de la production de sucre brut.
Dans la région australe, l’Afrique du Sud et l’Eswatini, avec respectivement près de 2 millions de tonnes et 700 000 tonnes au cours de la saison 2020/2021, sont les moteurs de cette dynamique. En Afrique du Nord, l’Égypte et le Maroc sont les fers de lance, avec l’Égypte occupant la première place avec une offre d’environ 2,8 millions de tonnes en 2020/2021. Du côté de l’Est, la Tanzanie, Maurice, le Kenya et l’Ouganda contribuent également significativement.
La Demande Croissante en Sucre en Afrique
Chaque année, le continent absorbe plus de 20 millions de tonnes de sucre, utilisées principalement à des fins agroalimentaires (boissons sucrées, confiseries, produits laitiers, etc.), industrielles non alimentaires (pharmacie et biocarburants) et de consommation courante.
La demande africaine en sucre a connu une croissance annuelle d’environ 3% au cours des cinq dernières années, surpassant largement la moyenne mondiale d’environ 0,7%, alimentée en partie par le boom démographique du continent.
La ZLECAF : Un Accord en Marche
À ce jour, 42 des 55 pays africains ont ratifié l’accord de la ZLECAF, avec 88% des négociations sur les règles d’origine spécifiques aux produits déjà conclues, couvrant plus de 70% du commerce intra-africain.
En conclusion, la ZLECAF émerge comme un vecteur crucial pour l’optimisation des échanges sucriers en Afrique, offrant des perspectives prometteuses pour l’autosuffisance et la dynamisation de ce secteur clé. Les défis de la distribution inégale de la production et la croissance constante de la demande nécessiteront une mise en œuvre réfléchie des politiques pour maximiser les avantages de cette initiative continentale.