Le Point Économique du Cameroun – 25 octobre 2023
Le paysage économique du Cameroun connaît un tournant significatif alors que le président de l’Interprofession avicole du Cameroun (Ipavic), François Djonou, a dévoilé une initiative révolutionnaire visant à harmoniser les tarifs des produits avicoles sur le marché national. Cette annonce marque un moment sans précédent dans l’histoire de l’industrie avicole camerounaise.
Dans une lettre adressée aux éleveurs de volailles de chair et de poules pondeuses, le président de l’Ipavic a révélé que le prix standard de 2 300 FCFA serait dorénavant applicable aux poulets d’un poids compris entre 1,8 et 2 kg, au moment de leur sortie des fermes d’élevage. De plus, le prix d’une alvéole de 30 œufs variera désormais entre 1 900 et 2 100 FCFA, en fonction du calibre du produit, au moment de sa sortie des fermes d’élevage. Ces tarifs seront soumis à des ajustements réguliers, conformément aux fluctuations des coûts des matières premières.
L’Ipavic souligne que cette harmonisation tarifaire est une première au Cameroun. Bertrand Benoît Onana, secrétaire permanent de l’Ipavic, précise que dans le passé, ni l’Ipavic ni le ministère du Commerce (Mincommerce) n’ont jamais modifié les tarifs des poulets et des œufs sur le marché. C’est une démarche inédite, car les prix étaient traditionnellement déterminés par l’interaction entre l’offre et la demande.
Toutefois, il convient de noter que les tarifs recommandés par l’Ipavic ne sont destinés qu’à guider les opérations au sein des fermes d’élevage, et ne reflètent pas les prix effectivement pratiqués sur le marché pour le consommateur final. Cette distinction souligne l’impact de l’activité de distribution ou de commerce, un facteur échappant au contrôle de l’Ipavic.
Il est actuellement difficile de prédire si cette initiative aura un impact direct sur les prix de la viande blanche sur le marché. Selon des témoignages recueillis auprès des ménagères, le prix d’un poulet de 2 kg atteint 4 000 à 4 500 FCFA sur les marchés de Douala, comparé à 3 000 FCFA avant le mois d’août 2023. Parallèlement, la volaille de 1,5 kg, qui se vendait à 2 500 FCFA, est désormais proposée à 3 500 FCFA ou plus. La situation est encore plus critique à Yaoundé, où un poulet de 1,5 kg se négocie entre 4 000 et 4 500 FCFA, tandis que la volaille de 2 à 2,5 kg est vendue de 5 000 à 6 000 FCFA.
L’Ipavic attribue en grande partie cette flambée des prix aux intermédiaires. Il est pertinent de souligner que le problème ne réside pas au niveau des producteurs, mais plutôt chez les spéculateurs. Ces derniers achètent les poulets aux producteurs à un tarif avantageux, souvent en dessous de 2 100 FCFA, puis les revendent à des prix nettement plus élevés, dépassant parfois les 3 000 FCFA, voire davantage, dans le panier de la ménagère. Cependant, l’Ipavic ne peut exercer de contrôle sur les distributeurs qui ne font pas partie de son organisation.
Selon le secrétaire permanent de l’Ipavic, l’approche prudente de fixer les prix dans les fermes offre à l’État (Mincommerce) une opportunité d’évaluer les marges des distributeurs sur les marchés destinés aux consommateurs finaux, tout en permettant de réprimer les spéculations excessives, un phénomène qui tend à s’intensifier à l’approche des fêtes de fin d’année, telles que Noël et le Nouvel An.
Cette décision de l’Ipavic fait suite à une directive du ministère du Commerce, datée du 19 octobre dernier, enjoignant pratiquement les aviculteurs à mettre en œuvre des mesures significatives visant à réduire les prix du poulet et des œufs sur l’ensemble des marchés du Cameroun. Ainsi, les prix ont été établis de manière à garantir une rentabilité minimale aux producteurs, contribuant ainsi aux efforts du gouvernement pour lutter contre la hausse des prix.
Cette démarche novatrice de l’Ipavic représente une étape cruciale pour le secteur avicole camerounais, en quête de stabilité économique. Elle vise à équilibrer les coûts de production et à réduire les spéculations excessives, tout en soutenant la politique gouvernementale de maîtrise des prix, dans un souci de garantir un accès abordable à la viande blanche pour les consommateurs. Le succès de cette entreprise inédite sera observé avec intérêt par tous les acteurs du marché.