Kinshasa vibre au rythme d’un partenariat inédit. L’ARSP et l’ARTPC viennent de sceller un accord pour encadrer la sous-traitance dans les télécoms, un secteur qui pèse 12 % du PIB congolais selon la Banque mondiale. Objectif : redistribuer 30 % des contrats aux entreprises locales d’ici 2025.
Miguel Kashal Katembe, directeur général de l’ARSP, résume l’ambition : « Les opérateurs internationaux devront désormais s’appuyer sur des sociétés congolaises pour le déploiement d’antennes, les travaux de génie civil ou le développement d’applications mobiles. » Un changement de cap pour un marché dominé à 70 % par des groupes étrangers, d’après les chiffres 2023 de l’ARTPC.
Les détails du protocole frappent par leur pragmatisme. Les deux institutions échangeront mensuellement des données sur les appels d’offres, identifieront les PME éligibles et simplifieront l’accès aux marchés pour 5 000 entrepreneurs d’abord ciblés. « Imaginez un jeune développeur de Lubumbashi qui crée une plateforme de paiement mobile adaptée aux fermiers du Kasaï. C’est cette innovation que nous voulons catalyser », illustre Christian Katende, président de l’ARTPC.
Le terrain est fertile. Avec 46 % de pénétration mobile et seulement 22 % d’accès à internet (GSMA, 2023), la RDC compte 25 millions de personnes exclues du numérique. Les besoins en infrastructures sont criants : 60 % des tours de téléphonie fonctionnent avec des groupes électrogènes selon un rapport sectoriel.
Risque-t-on un effet d’aubaine ? L’ARSP promet un contrôle renforcé. « Aucun contrat ne sera validé sans preuve de capacité technique réelle », prévient Kashal Katembe. Une vigilance nécessaire dans un pays où 38 % des entreprises déclarent avoir subi des délais de paiement abusifs (Banque mondiale, 2022).
En filigrane, l’enjeu dépasse l’économie. Les télécoms emploient déjà 120 000 Congolais, mais 85 % occupent des postes non qualifiés. Le protocole prévoit 15 centres de formation spécialisés d’ici fin 2024. « C’est la naissance d’une expertise nationale », souffle un cadre de l’ARTPC sous couvert d’anonymat.
Les premiers contrats pilotes seront lancés en octobre 2024 dans les provinces du Kongo-Central et du Haut-Katanga. Un test pour une stratégie qui pourrait faire école en Afrique centrale.
— M. KOSI






