Kinshasa : 400 mètres de béton posés sur le boulevard Kimbuta pour désengorger 1,6 km de trafic

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boulevard Kimbuta

La chaussée du boulevard Kimbuta, à N’Djili (est de Kinshasa), arbore désormais 400 mètres de béton armé fraîchement posés. Une couche de 15 cm d’épaisseur, inclinée à 2,5 %, guide désormais les eaux de pluie vers les caniveaux. « L’objectif est clair : éviter les inondations et fluidifier le trafic », explique Likiere Manikisa, ingénieur du Bureau technique de contrôle (BTC), sur le chantier depuis l’aube.

Ce tronçon de 1,6 km, divisé en deux voies de 7 mètres chacune, concentre les espoirs de 12 millions de Kinois étouffés par les embouteillages chroniques. Seule la bande gauche reste ouverte, obligeant motos, taxis et camions à un ballet chaotique. « Impossible de tout fermer : la ville doit continuer à vivre », justifie l’ingénieur, casque vissé sur la tête.

Les travaux s’inscrivent dans un plan plus vaste : 72 km de routes sont en réhabilitation à Kinshasa selon le ministère des Infrastructures, pour un budget global de 185 millions de dollars. Un défi colossal dans une métropole où le temps perdu dans les bouchons coûterait 1,2 % du PIB annuel, d’après une étude Banque mondiale de 2023.

Sur le terrain, les riverains oscillent entre impatience et soulagement. « Avant, traverser ce boulevard prenait 40 minutes. Maintenant, c’est 15 », témoigne Joséphine Mbaya, vendeuse de beignets depuis dix ans au carrefour Mokengeli. Les commerçants redoutent cependant les retards : initialement prévue pour juin, la fin du chantier glisserait vers septembre selon des sources municipales.

À 800 mètres de là, les engins s’activent sur la future voie droite. Chaque jour, 50 ouvriers coulent 120 m³ de béton, sous le contrôle strict des normes internationales RTCA. « Le choix du béton plutôt que de l’enrobé classique garantit une durée de vie doublée : 20 ans contre 10 », précise un rapport technique consulté par Lepoint.cd.

Cette transformation s’accompagne d’un volet social : 35 % de la main-d’œuvre est recrutée localement, selon la mairie de N’Djili. Un ballon d’oxygène dans un quartier où le chômage touche 68 % des jeunes de 18 à 25 ans (chiffres INS 2022).

Kinshasa retient son souffle. Si le calendrier tient, le boulevard Kimbuta pourrait devenir le symbole d’une capitale en mutation, entre urgence pratique et rêves de modernité.

— M. KOSI

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