Pétrole en RDC : comment Kinshasa a colmaté une fuite de 250 millions $ en douze mois

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Mukoko samba

281 millions de dollars évaporés en 2023, 31 millions en 2024. Le gouffre financier lié aux compensations versées aux compagnies pétrolières en RDC s’est résorbé à 89 % en un an, selon une lettre présidentielle révélée mardi. Un revirement attribué au ministère de l’Économie dirigé par Daniel Mukoko, salué par Félix Tshisekedi pour sa « rigueur méthodologique ».

« Les distributeurs ont longtemps bénéficié de taux de change sous-évalués lors des remboursements », explique un cadre du Trésor public sous couvert d’anonymat. Résultat : l’État remboursait en devises fortes des dettes libellées en francs congolais, creusant artificiellement les déficits. Une pratique qui a coûté 2,3 % du PIB congolais en 2023 selon les calculs de la Banque mondiale.

La réforme-clé ? Un audit serré des 17 sociétés pétrolières actives sur le territoire. « Nous avons croisé leurs déclarations avec les données douanières et les relevés bancaires », précise une source au sein du ministère. Cinq entreprises – dont les noms restent protégés par le secret fiscal – ont été contraintes de reverser 44 millions de dollars de trop-perçus depuis janvier 2024.

« Cette économie permettra de financer 70 % du programme d’urgence pour l’électrification rurale », souligne un rapport interne du FMI daté de juin 2024. Un impact concret pour une population où 62 % vit sous le seuil de pauvreté, selon les chiffres de la Banque centrale du Congo.

Le dispositif s’accompagne d’un ajustement technique : le taux de change utilisé pour calculer les compensations sera désormais aligné sur les cours du marché, sous supervision de la commission des finances de l’Assemblée nationale. Une mesure qui pourrait générer 18 millions de dollars supplémentaires annuels, estiment les analystes d’Ecofin Agency.

« La bataille contre les fuites de devises ne fait que commencer », tempère cependant un trader énergétique basé à Lubumbashi. Si le secteur pétrolier ne représente que 8 % des recettes fiscales nationales, cette réussite ouvre la voie à une révision des contrats miniers – véritable jackpot potentiel dans un pays assis sur 24 milliards de barils de réserves prouvées.

— M. KOSI

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