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Port de Banana : DP World boucle le dragage et confirme une mise en service d’ici 20 mois

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Le dragage est terminé, les délais maintenus. Le chantier du port en eaux profondes de Banana, sur la côte Atlantique de la République démocratique du Congo, avance au rythme annoncé. À l’issue d’une rencontre stratégique tenue le 16 juin 2025 avec Jean-Pierre Bemba, vice-premier ministre chargé des Transports, la société DP World a confirmé la finalisation de la première phase technique du projet. Cette étape critique, consacrée à l’excavation du chenal, conditionne l’accueil futur de navires à fort tonnage, avec un tirant d’eau prévu de 18 mètres.

Prévu pour être livré d’ici 18 à 20 mois, le terminal sera doté d’un quai de 600 mètres et d’une capacité annuelle de manutention estimée à 450 000 EVP (conteneurs équivalents vingt pieds). En comparaison, le port de Pointe-Noire, au Congo voisin, traite environ 1,1 million de conteneurs EVP par an. Le site congolais, plus modeste dans un premier temps, vise toutefois un positionnement stratégique comme alternative atlantique pour les exportateurs d’Afrique centrale, notamment dans le secteur minier.

BANANA

DP World, mastodonte de la logistique basé à Dubaï et présent dans 69 pays, entend faire de Banana une plateforme aux standards internationaux, avec des équipements automatisés et un système intégré de gestion portuaire. Le projet, financé en partie par DP World sur fonds propres via un contrat de partenariat public-privé, implique également des investissements dans les infrastructures d’accès, bien que ceux-ci restent encore à définir dans leur globalité. Le raccordement ferroviaire, par exemple, demeure un point flou à ce stade.

Le coût global du projet n’a pas été officiellement actualisé, mais les premières estimations faisaient état de plus d’un milliard de dollars américains, répartis sur plusieurs phases. Dans le contexte d’une économie congolaise en croissance – mais toujours dépendante des exportations de matières premières –, cette infrastructure représente un pari structurant, censé absorber une partie des surcoûts logistiques qui grèvent la compétitivité des exportateurs congolais. Le transport des marchandises vers les ports de Dar es Salaam ou de Durban, long et onéreux, fait peser jusqu’à 30 % de coûts supplémentaires sur certains produits bruts congolais, selon des données de la CNUCED.

En recevant la délégation conduite par Jorge Rico, directeur général de DP World RDC, Jean-Pierre Bemba a réaffirmé le soutien du gouvernement à l’accélération du chantier. Étaient également présents Mohamed Akojee, responsable Afrique subsaharienne, et Tariq El Farouki, directeur des opérations en RDC. Leur implication directe traduit la sensibilité du dossier, à la fois pour Kinshasa et pour les partenaires émiratis, dans un contexte géopolitique où les terminaux portuaires deviennent des instruments d’influence régionale.

Banana s’inscrit dans une lecture géoéconomique plus large. L’accès maritime est un atout négligé depuis des décennies par la RDC, dont la façade océanique, longue de seulement 37 kilomètres, n’avait jamais été exploitée à l’échelle industrielle. À l’heure de la Zone de libre-échange continentale africaine, et face aux routes de transit dominées par des puissances régionales concurrentes, l’État cherche à reprendre la main sur sa chaîne logistique. Reste à savoir si les infrastructures intérieures suivront, tant le défi réside aussi dans la capacité à connecter efficacement le littoral au cœur productif du pays.

— Peter MOYI

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