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Quand 850 000 dollars d’aide aux victimes se transforment en trou noir financier : révélations sur le FRIVAO

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Une somme de 850 000 dollars, destinée à indemniser les victimes des activités illégales liées à la frontière entre la RDC et l’Ouganda, a été détournée pour financer les dépenses courantes du Fonds de Réparation et d’Indemnisation des Victimes des Activités Illicites de l’Ouganda (FRIVAO). Cette opération a été validée par l’Inspection Générale des Finances (IGF) et le ministère de la Justice en octobre 2024, mais s’avère problématique du point de vue de la gestion publique.

Conçu pour orienter des ressources vers les victimes de conflits transfrontaliers, le FRIVAO a vu ses fonds dédiés utilisés en quatre mois, alors que la somme devait couvrir six mois de fonctionnement. L’absence totale de pièces justificatives soulève des questions sur la rigueur des contrôles internes et la traçabilité des dépenses. Cette dérive illustre un dysfonctionnement fréquent dans la gestion des fonds publics en RDC, où le suivi budgétaire reste souvent lacunaire.

Selon les standards internationaux, les fonds alloués à la réparation sociale exigent un encadrement strict, notamment dans un contexte post-conflit où la confiance des populations est fragile. Le détournement de près d’un million de dollars met en lumière l’importance d’une supervision financière indépendante et de mécanismes transparents. En effet, des études récentes, notamment un rapport de la Banque mondiale, indiquent que plus de 40 % des projets de réparation en Afrique souffrent d’un déficit de contrôle, ce qui fragilise leur impact réel.

Filimbi, le mouvement citoyen à l’origine de la révélation, réclame un gel immédiat des fonds du FRIVAO ainsi qu’un audit complet et impartial de sa gestion. Il demande également la mise en place d’un système de contrôle renforcé pour prévenir de tels abus à l’avenir. Ces exigences résonnent avec les appels répétés du gouvernement congolais pour une meilleure transparence dans la gestion des ressources publiques, notamment dans les secteurs miniers et humanitaires.

Cette affaire illustre le double défi auquel la RDC est confrontée : garantir une aide effective aux populations vulnérables tout en renforçant les institutions chargées de la gestion des fonds publics. Sans une réforme profonde des mécanismes de contrôle, les risques d’affaiblissement de la confiance sociale et d’inefficacité dans la redistribution des ressources risquent de perdurer.

— Peter MOYI

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