Plusieurs mois de salaires impayés pèsent sur les 2 300 agents de l’Office national des transports (Onatra) en République démocratique du Congo. Une réunion tripartite — gouvernement, direction et syndicats — a acté jeudi un plan de sortie de crise : un fonds social garantira un prêt bancaire, tandis que l’État s’engage à rembourser 5 à 6 millions de dollars par mois pour éponger les arriérés.
« Ce fonds n’est pas une solution miracle, mais une bouée pour les retraités qui attendent leurs indemnités depuis des années », explique Martin Lukusa, directeur général de l’Onatra. L’entreprise publique, gestionnaire des ports et voies ferrées, accuse un passif salarial de 78 millions de dollars selon les chiffres internes communiqués en mai 2024. La structure, dont 45 % des revenus dépendent des contrats étatiques, subit les retards de paiement chroniques de l’administration.
« L’État reste notre premier client. Nous proposons un étalement sur douze mois pour ne pas asphyxier le Trésor public », précise Lukusa. Le mécanisme, validé sous l’égide du vice-Premier ministre Jean-Pierre Bemba, prévoit aussi la récupération des biens immobiliers de l’Onatra — dont des entrepôts à Matadi et Boma — squattés ou vendus illégalement.
Côté syndical, l’optimisme reste mesuré. « Les promettes doivent se concrétiser avant fin juin. Les derniers décomptes de retraite datent de 2019 », alerte Armand Osase, porte-parole des employés. En 2023, la Banque centrale congolaise avait pourtant identifié le secteur des transports comme « priorité nationale », avec une enveloppe de 120 millions de dollars. Peu de fonds ont atteint l’Onatra, selon un rapport de la Cour des comptes publié en avril.
L’initiative s’inscrit dans un contexte tendu : grèves répétées au port de Banana, vandalisme sur la ligne ferroviaire Ilebo-Lubumbashi. « Sans règlement rapide, la relance du trafic à 30 % de sa capacité d’ici 2025 — objectif affiché par Kinshasa — sera compromise », analyse un expert du FMI sous couvert d’anonymat.
L’issue dépendra des premiers virements. Les agents retraités, dont certains survivent avec moins de 50 dollars mensuels selon l’ONG Transparency Congo, guettent l’effet concret des annonces.
— M. KOSI






