Par [Votre Nom], Journaliste Bisonews.cd
Le Centre de Recherche en Finances Publiques et Développement Local (CREFDL) a mené une enquête approfondie du 26 septembre au 3 octobre 2023 sur la reddition des comptes du budget du pouvoir central de l’exercice 2022 en République démocratique du Congo. Cette initiative citoyenne a mis en lumière de nombreuses lacunes dans la gestion des finances publiques, malgré les réformes entreprises depuis 2009.
À l’instar de la Cour des Comptes, le CREFDL a constaté que la chaîne de dépenses publiques a été compromise. Le ministre des Finances a activé le compte général du Trésor en 2022 par de simples lettres, en contournant l’émission d’Ordres de Paiement Informatisés (OPI). Cette pratique va à l’encontre du Manuel révisé des procédures et du circuit de la dépense publique adopté en 2010. Cette situation a entraîné :
- L’utilisation de 2,9 milliards de dollars sans autorisation préalable du Parlement.
- Un décaissement d’urgence de 1,3 milliard de dollars à la Banque centrale du Congo.
- Un déficit budgétaire enregistré à hauteur de 1,1 milliard de dollars, tandis que la Cour des Comptes estime ce chiffre à 1,6 milliard de dollars.
De plus, d’autres irrégularités ont été relevées, notamment le paiement de 21 créances évaluées à 5 millions de dollars et de 162 dossiers de la dette intérieure d’un montant de 94 millions de dollars en procédure d’urgence. Le salaire du Président de la République a été versé à hauteur de 14,2 millions de dollars, soit un taux d’exécution de 9,366,03 % par rapport aux prévisions annuelles de 152 112,67 USD.
Un décaissement non conforme de 8,3 millions de dollars a été effectué en faveur de Rawbank au titre d’investissements. De plus, l’absence de traçabilité d’un décaissement de la Banque africaine de développement (BAD) évalué à 34 millions de dollars destiné au projet d’opérationnalisation de la zone économique spéciale de Maluku est préoccupante. Enfin, aucune information n’a été fournie sur les emplois créés en raison d’un dépassement de 900 millions de dollars.
Malgré des paiements totalisant 3,9 milliards de dollars au titre des crédits d’investissement, le rapport du Ministère des Finances ne fournit aucune indication sur le nombre d’infrastructures construites ou réhabilitées, notamment les écoles, les kilomètres de routes, les centres de santé, etc. De plus, aucune explication n’a été donnée concernant les dépassements budgétaires enregistrés au cours de l’exercice 2022, ce qui révèle un déficit de contrôle dans le circuit budgétaire.
Ces constatations mettent en lumière la nécessité urgente d’une réforme en profondeur de la gestion des finances publiques en République démocratique du Congo. Le CREFDL appelle à la transparence, à la responsabilité et à une surveillance accrue des dépenses publiques afin de garantir une utilisation efficace et équitable des ressources nationales.