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RDC : la bataille pour le cobalt s’intensifie entre les États-Unis et la Chine avec 80 % des exportations en jeu

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En quête de garantir la sécurité de leurs approvisionnements en ressources stratégiques, les États-Unis intensifient leurs efforts pour s’implanter dans le secteur minier de la République Démocratique du Congo, une composante essentielle de l’économie du pays. Cette initiative s’inscrit dans un contexte de rivalité géopolitique avec la Chine, acteur clé du marché congolais depuis plusieurs années. Les deux puissances se disputent l’accès aux minerais indispensables à la technologie moderne, tels que le cobalt et le cuivre, cruciaux pour les batteries électriques et les technologies renouvelables.

Le cobalt, en particulier, joue un rôle central dans cette lutte d’influence. La RDC détient plus de 60 % des réserves mondiales de ce métal stratégique, un fait qui la place au cœur des enjeux internationaux. En 2023, les exportations de cobalt congolais à destination de la Chine représentaient plus de 80 % du total des exportations, ce qui a consolidé l’hégémonie chinoise dans ce secteur. Cependant, conscient des risques liés à cette dépendance, Washington a entrepris de diversifier ses sources d’approvisionnement.

Un mémorandum d’entente a ainsi été signé entre les États-Unis, la RDC et la Zambie pour développer une chaîne de valeur complète autour des batteries pour véhicules électriques. Ce partenariat vise non seulement à réduire la dépendance américaine vis-à-vis de la Chine, mais aussi à stimuler les investissements américains dans les infrastructures minières congolaises. D’après les prévisions du gouvernement américain, la demande mondiale en cobalt pourrait augmenter de 30 % d’ici 2030, exerçant une pression supplémentaire sur les réserves de la RDC. Cette collaboration entre Washington et Kinshasa pourrait ainsi marquer un tournant dans la réorganisation des échanges mondiaux de minerais stratégiques.

Cependant, l’exploitation minière en RDC ne va pas sans défis. Bien que ce secteur représente une opportunité économique majeure pour le pays, il est également synonyme de dysfonctionnements. Près de 70 % de la population congolaise vit toujours sous le seuil de pauvreté, avec moins de 2 dollars par jour. L’exploitation illégale des minerais, notamment l’or et le coltan, continue de financer des groupes armés, échappant ainsi à tout contrôle fiscal et privant l’État congolais de ressources considérables. On estime qu’entre 300 kg et 20 tonnes d’or sont extraits chaque année de manière artisanale sans régulation légale, accentuant les pertes économiques pour le pays.

Un autre problème majeur réside dans l’absence de traçabilité des minerais. Des réseaux illégaux continuent de détourner une part importante des richesses minières congolaises, alimentant ainsi les conflits internes. Face à cette situation, les États-Unis ont pris des mesures pour encourager des pratiques minières plus éthiques, tout en imposant des sanctions économiques pour contrer les activités illégales. Si les réformes visant à assurer une traçabilité rigoureuse des ressources minières étaient mises en place, elles pourraient générer plusieurs milliards de dollars de revenus supplémentaires pour la RDC au cours des cinq prochaines années.

Dans ce contexte, la RDC tente de diversifier ses partenariats économiques et de réduire sa dépendance vis-à-vis de la Chine. Toutefois, la transition vers une exploitation minière plus transparente et équitable demeure un processus complexe. Le renforcement des infrastructures, la mise en place d’institutions solides et la lutte contre la corruption sont des étapes indispensables pour pérenniser le secteur. Néanmoins, si ces efforts se concrétisent, le secteur minier pourrait devenir l’un des moteurs du développement économique du pays à long terme, offrant des perspectives de croissance importantes pour la RDC et ses partenaires internationaux.

Peter MOYI

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