RDC : le PAM cherche 349 millions USD d’ici avril 2026 pour maintenir ses opérations et éviter une contraction de l’aide

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Le Programme alimentaire mondial chiffre à 349 millions USD le besoin de financement pour la RDC d’ici avril 2026. Sans ces fonds, l’agence réduit sa portée alors que l’IPC projette une aggravation de l’insécurité alimentaire : 24,8 millions de personnes en situation de crise aujourd’hui, 26,6 millions au début 2026. La pression est la plus forte au Nord-Kivu, Sud-Kivu, Ituri et Tanganyika, où l’insécurité perturbe les marchés, renchérit le transport et limite l’accès humanitaire. La malnutrition touche près de 3,2 millions d’enfants de moins de 5 ans, avec des effets irréversibles sur le capital humain. En 2025, faute de liquidités, le PAM n’a servi que 600 000 personnes sur 2,3 millions prévues, signal d’une rupture de pipeline qui menace la planification et la logistique.

Il s’agit d’un appel d’urgence à l’action. Le peuple congolais a besoin de paix. Mais il a aussi besoin de l’assistance alimentaire pour se remettre sur pied, car la sécurité alimentaire est le fondement d’une paix durable.” — Cynthia Jones, directrice pays du PAM.

Financements, logistique et ciblage : où se joue la continuité de l’aide

Le déficit de trésorerie se lit à plusieurs niveaux. Le plan de réponse humanitaire de l’ONU (évalué à 2,5 milliards d’euros) n’est financé qu’à 16 %. Cette sous-couverture se traduit par des coupes de rations, des suspensions temporaires, un allongement des délais d’acheminement et un recentrage sur les ménages les plus à risque nutritionnel. Les coûts unitaires augmentent avec la sécurité des convois, la volatilité du change et la saisonnalité des routes d’accès. Chaque mois sans nouvel apport creuse l’écart entre besoins et volumes livrables, puis impose des arbitrages : transferts monétaires ciblés en zones urbaines bancarisées, rations familiales en localités enclavées, prise en charge nutritionnelle pour les enfants et les femmes enceintes.

La RDC figure parmi les dix pays les plus touchés par l’insécurité alimentaire aiguë selon le GRFC 2025. À l’échelle régionale, le HCR recense 26,3 millions de personnes déplacées de force (fin 2024) en Afrique de l’Est, Corne de l’Afrique et Grands Lacs, dont près de 7 millions en RDC en 2025. Ces mouvements pèsent sur les prix locaux, perturbent l’offre agricole et déplacent la demande vers les centres urbains, d’où l’intérêt d’un panachage des modalités d’assistance (cash et vivres) pour préserver la liquidité des ménages et l’approvisionnement des marchés.

Un signal de soutien existe : une Conférence des Grands Lacs tenue en France, avec l’appui du Togo et de la France, annonce 1,7 milliard USD pour l’aide et le développement dans la région, incluant la RDC. L’effet dépendra du calendrier de décaissement et de l’allocation par province. Pour le PAM, l’urgence est immédiate : sécuriser les flux financiers sur trois à six mois, stabiliser les chaînes logistiques et préserver les indicateurs nutritionnels pendant la période de soudure. À défaut, la contraction de l’assistance amplifiera la prévalence de la malnutrition et la pression sur les prix alimentaires, alors même que la demande d’aide progresse.

— Peter MOYI

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