Les recettes publiques en République démocratique du Congo ont connu une accélération marquée au début du mois de juin. En une semaine, du 30 mai au 6 juin 2025, la Direction générale des impôts (DGI) a mobilisé 932 milliards de francs congolais, soit environ 327 millions de dollars américains. C’est une hausse de 18,32 % par rapport à la semaine précédente, selon les données publiées par la Banque centrale du Congo (BCC).
Ce rebond traduit une intensification des efforts fiscaux, principalement sur les impôts directs et indirects. Sur l’ensemble des recettes de la semaine, la DGI représente la plus grande part, devant la Direction générale des douanes et accises (DGDA) avec 531 milliards de CDF et la Direction générale des recettes administratives, judiciaires, domaniales et de participation (DGRAD) avec 379 milliards. Le cumul des trois principales régies dépasse ainsi les 1.842 milliards de CDF, alors que les prévisions hebdomadaires plafonnaient à 1.660,2 milliards. Le taux de réalisation budgétaire s’établit à 110,95 %, un indicateur rare dans un environnement économique contraint.
Mais cette performance ne suffit pas à inverser la pression budgétaire. Les prévisions mensuelles du plan de trésorerie pour juin 2025 annoncent 1.705 milliards de CDF en recettes, pour 1.808 milliards en dépenses. L’écart financier observé atteint 1.324 milliards de CDF, comblé non pas par des emprunts, mais par une réserve de trésorerie constituée antérieurement dans un contexte d’émissions nettes négatives. Une approche prudente, dictée par l’absence de marges sur le marché domestique de la dette.
Entre janvier et mai, le gouvernement a piloté ses finances à vue, dans un contexte d’insuffisance de recettes et de montée des charges. La multiplication des dépenses liées à la situation sécuritaire à l’Est — opérations militaires, soutien humanitaire, logistique — absorbe une part croissante des crédits. Ce contexte a imposé une politique de compensation et d’arbitrage permanent dans la gestion quotidienne du budget de l’État.
La BCC, en observateur monétaire, souligne à travers cette note une double réalité : d’une part, la montée en puissance de l’effort fiscal ; de l’autre, la difficulté à contenir la dépense publique sans recours systématique à l’endettement. À moyen terme, la solidité du cadre budgétaire dépendra autant de la consolidation des recettes que d’une politique rigoureuse de pilotage des engagements financiers. La question reste ouverte sur la soutenabilité de cet équilibre fragile.
— M. KOSI






