À Kinshasa, les travaux routiers engagés depuis plusieurs mois pour désengorger la circulation peinent à produire des effets visibles, tandis que les coûts liés au transport augmentent sensiblement. Lancées sous la gouvernance de Daniel Bumba, ces opérations visaient à réhabiliter des axes majeurs de la capitale, notamment les voies parallèles au boulevard Lumumba, l’avenue Tshangu, le boulevard Kimbuta, ainsi que l’avenue 24 Novembre reliant Bandal Kimbondo au Petit-Pont, en passant par la prison de Makala.
Malgré ces efforts, la réalité quotidienne des habitants est marquée par des routes partiellement bloquées, ce qui complique la fluidité du trafic. Cette situation tend à aggraver la charge financière des ménages, puisque les tarifs du transport urbain ont grimpé d’environ 50 % sur certains trajets. Par exemple, la course entre Bandal Kimbondo et Landu, en direction de Selembao, est passée de 1 000 à 1 500 francs congolais, et peut atteindre 2 000 CDF durant la nuit. Ce phénomène s’explique notamment par la réduction des itinéraires praticables, obligeant les conducteurs à emprunter des chemins plus longs, ce qui augmente les coûts en carburant et le temps de trajet.
Ce contexte soulève des interrogations quant à l’efficacité et à la gestion de ces chantiers, dont la lenteur contribue à freiner l’activité économique locale. Selon un rapport de la Société Nationale des Transports Urbains (SNTU) publié en avril 2025, les embouteillages coûtent environ 2 milliards de francs congolais par mois en pertes liées au temps et au carburant. Ce chiffre illustre l’impact économique direct de la congestion routière sur une ville qui concentre une grande partie de l’activité nationale.
L’enjeu technique consiste à concilier la nécessité d’investir dans les infrastructures avec la gestion des perturbations temporaires qu’elles engendrent. À ce jour, les décisions prises peinent à limiter les répercussions sur le pouvoir d’achat des habitants. La hausse des coûts du transport agit comme un facteur d’inflation, que les autorités monétaires doivent prendre en compte dans un contexte où la RDC fait face à une inflation annuelle estimée à plus de 20 % selon les dernières données de la Banque Centrale du Congo (BCC).
La problématique dépasse la simple amélioration des routes et touche aux choix de politique publique et monétaire. Maintenir l’équilibre entre développement urbain et stabilité économique requiert une coordination étroite entre acteurs politiques, urbanistes et institutions financières. Sans une accélération tangible des travaux et une meilleure gestion de leurs impacts, la capitale risque de voir la dégradation de ses conditions de vie s’amplifier, freinant ainsi sa contribution à la croissance économique du pays.
— Peter MOYI