Plus de 540 millions de dollars et d’euros de financements viennent d’être mobilisés pour soutenir la modernisation numérique et urbaine de la République Démocratique du Congo. Lors de la réunion du Conseil des ministres du 25 avril 2025, la Vice-Ministre des Finances, O’Neige N’sele Mimpa, a défendu six projets de textes législatifs et réglementaires destinés à enclencher cette transformation.
En tête de liste figure la ratification d’une Convention de crédit signée avec l’Agence Française de Développement (AFD), portant sur 100 millions d’euros. Ce montant sera investi dans l’extension du réseau de fibre optique, avec l’ambition de déployer 10.000 kilomètres de câbles supplémentaires. Selon les estimations officielles, environ 30 millions de Congolais devraient ainsi accéder à une connexion internet plus stable, un pas décisif pour réduire la fracture numérique dans un pays où, selon l’Union Internationale des Télécommunications (UIT), moins de 25 % de la population avait un accès régulier à Internet en 2024.
Un second accord, cette fois avec l’Association Internationale de Développement (IDA), engage 400 millions de dollars pour accélérer la transition numérique. Le projet, inscrit dans l’initiative régionale pour l’Afrique de l’Est et du Sud, vise notamment à faciliter l’identification en ligne, à démocratiser les paiements électroniques et à simplifier les démarches administratives par la digitalisation. En ciblant ces leviers, le gouvernement entend réduire les coûts administratifs et améliorer la transparence des services publics, alors qu’un rapport de la Banque mondiale publié en mars 2025 souligne que la digitalisation permettrait d’économiser jusqu’à 2 % du PIB annuel dans les pays émergents.
Parallèlement à l’agenda numérique, la ville côtière de Boma bénéficie d’un financement de 40 millions d’euros. Le Projet Ville Durable Boma cherche à renforcer la résilience climatique de la ville en modernisant ses infrastructures et en intégrant activement les femmes et les jeunes dans le processus de gouvernance locale. D’après les projections du Fonds Monétaire International, les villes africaines vulnérables au changement climatique comme Boma pourraient voir leur productivité économique chuter de 5 à 10 % d’ici 2030 sans investissements ciblés.
Au volet réglementaire, trois projets de décrets complètent ce chantier. Le premier met à jour les procédures de paiement et de comptabilité de l’État, en intégrant les récentes évolutions de la nomenclature publique. Le second réforme les règles encadrant les comptables publics, clarifiant les critères de recrutement et les responsabilités de gestion. Enfin, la Direction Générale de la Dette Publique (DGDP) verra ses prérogatives renforcées, grâce à l’adaptation du décret de 2009, pour mieux encadrer l’endettement et la gouvernance financière de l’État.
Avec ces textes, Kinshasa tente d’établir une nouvelle discipline financière au moment où la dette publique de la RDC représentait environ 19,2 % du PIB fin 2024, selon les chiffres du ministère des Finances. Une stratégie jugée nécessaire par plusieurs analystes pour éviter de retomber dans les déséquilibres budgétaires structurels observés dans les décennies précédentes.
Le Gouvernement veut ainsi concilier modernisation numérique, inclusion sociale et discipline budgétaire, dans un contexte où la compétitivité régionale se joue de plus en plus sur le terrain de l’innovation et de la bonne gouvernance.
— Peter MOYI