Le béton frais scintille sous le soleil de Kinshasa. Sur l’avenue Plateau, entre Croix-Rouge et Kalembelembe, les pelleteuses côtoient désormais des vendeurs ambulants. Deux mois après le lancement des travaux, 230 mètres de chaussée ont été achevés sur les 2 800 prévus. Objectif : relier le marché Zigida au Boulevard du 30 juin, en passant par le marché central reconstruit. « L’enjeu, c’est de fluidifier l’accès aux zones commerciales », explique Trésor Lubondo, ingénieur en chef du projet piloté par Safrimex SARL.
Le calendrier serré impose un rythme soutenu. Les équipes s’attaqueront dès la semaine prochaine aux caniveaux entre le pont Bitshaku Tshaku et l’avenue Rwakadingi. Un défi technique dans une ville où 75 % des inondations proviennent de canalisations obstruées, selon un rapport 2023 de la Cellule d’infrastructures de Kinshasa. Preuve du problème : les nouvelles rigoles sont déjà envahies de plastiques et de détritus, malgré les affiches municipales appelant au civisme.
Ce chantier, budgeté à 6 millions USD selon des documents internes consultés par Lepoint.cd, s’inscrit dans un plan plus vaste. Cinq artères stratégiques sont concernées, dont l’avenue de l’École et le tronçon Bokassa-Kasa-Vubu. « Ces routes secondaires doivent absorber 40 % du trafic actuel des axes principaux », précise un responsable de l’Hôtel de Ville sous couvert d’anonymat.

Les commerçants du marché central, récemment rénové pour 12,5 millions USD, suivent les progrès avec impatience. « Les camions mettaient deux heures pour livrer. Maintenant, ils contournent par des pistes en terre », témoigne Grace Mbaya, vendeuse de tissus. Son chiffre d’affaires a chuté de 30 % depuis le début des travaux.
La méthode tronçon par tronçon, critiquée pour ses nuisances, montre pourtant ses premiers résultats. Le béton armé de 31 cm d’épaisseur résistera-t-il aux pluies tropicales ? La réponse viendra en décembre, date prévue de livraison. D’ici là, 150 ouvriers s’activent jour et nuit, sous le contrôle strict des normes ISO 9001 exigées par les bailleurs internationaux.
— M. KOSI






