Dans un contexte mondial marqué par une croissance modérée des ventes de véhicules électriques (VE), qui ont augmenté de 31% en 2023 contre une hausse de 60% en 2022, la production de lithium peine à trouver son équilibre. Cette situation est principalement due à une surproduction significative en Chine, où la fabrication de batteries a surpassé les besoins globaux, entraînant un déséquilibre entre l’offre et la demande.
Face à cette surabondance, les prix du lithium ont chuté de manière drastique. Le carbonate de lithium, qui avait atteint un pic de 81 360 dollars par tonne en novembre 2022, s’est effondré à 20 782 dollars en février 2024. Cette tendance à la baisse est également observée pour l’hydroxyde de lithium, dont le prix a diminué, passant de 81 500 dollars la tonne en janvier 2023 à 22 500 dollars en novembre 2023, selon les données de l’United States Geological Survey.
Le spodumène, contenant 6% d’oxyde de lithium, a vu son prix chuter de 6 000 dollars la tonne à 2 500 dollars au cours de la même période. Ces diminutions de prix devraient se poursuivre à moyen terme, avec Goldman Sachs prévoyant une baisse supplémentaire de 25% au cours des douze prochains mois, en raison d’un ralentissement de la demande dans l’industrie des VE, principalement dans les pays occidentaux.
À long terme, les prévisions semblent plus stables, avec une estimation par S&P Global que les prix commenceront à se stabiliser vers 2025, lorsque l’offre excédentaire commencera à diminuer. Entre 2024 et 2027, le prix annuel moyen du carbonate de lithium devrait se maintenir entre 20 000 et 25 000 dollars la tonne.
En Afrique, cette volatilité des prix du lithium a des implications importantes pour les économies locales. L’augmentation initiale des prix avait incité plusieurs États et compagnies minières à développer rapidement des projets pour exploiter les gisements de lithium, anticipant des retours sur investissement substantiels. Par exemple, la production en Afrique est prévue pour doubler, portée par des initiatives au Zimbabwe et le gisement de Goulamina au Mali, qui devrait commencer la production au premier semestre 2024.
Cependant, l’instabilité actuelle des prix pose un risque considérable pour les revenus prévus de ces projets. De plus, le projet de Manono en République Démocratique du Congo est actuellement retardé par des procédures judiciaires, ce qui ajoute une couche d’incertitude à un marché déjà fragile.
En conclusion, l’industrie du lithium en Afrique, tout comme à l’échelle mondiale, doit naviguer dans un environnement complexe, où les fluctuations des prix exigent des stratégies adaptatives pour sécuriser les investissements et planifier l’avenir économique des régions productrices.
Équipe éditoriale, Lepoint.cd