Kinshasa – Le cacao cultivé dans les provinces orientales de la République démocratique du Congo, longtemps resté dans l’ombre des grandes filières agricoles africaines, attire désormais l’attention diplomatique et économique du Royaume de Belgique. Ce lundi, l’ambassadrice Roxane de Bilderling a rencontré à Kinshasa le ministre du Commerce extérieur, Julien Paluku Kahongya, pour formaliser un soutien direct aux producteurs locaux et renforcer la coopération bilatérale sur le commerce extérieur.
Le cacao congolais, très apprécié pour sa qualité aromatique, n’arrive toujours pas à se frayer une place stable sur le marché européen. En cause : des contraintes de certification, un déficit de transformation locale et des difficultés d’accès aux infrastructures commerciales. La diplomatie belge entend remédier à cette situation en accompagnant les agriculteurs congolais vers la conformité aux exigences de l’Union européenne, tout en favorisant l’implantation de chocolateries dans le pays. Objectif : capter davantage de valeur ajoutée à la source et ancrer une dynamique locale plus résiliente.
Un appui technique pour structurer la filière
Au cœur des discussions entre les deux parties, la nécessité d’accompagner les producteurs dès l’amont de la chaîne, notamment dans la mise en œuvre des bonnes pratiques agricoles et des processus de traçabilité. Bruxelles propose d’intervenir par le biais de programmes de coopération technique, de formations aux standards de qualité et de soutien logistique aux coopératives actives dans le Sud-Kivu et l’Ituri, deux provinces parmi les plus productrices de cacao.
Dans une déclaration faite à la presse à l’issue de la rencontre, Roxane de Bilderling a insisté sur le rôle potentiel du cacao congolais comme moteur de stabilité économique. « Il faut transformer localement pour stabiliser socialement. Le cacao congolais a de l’avenir s’il est valorisé à sa juste mesure », a-t-elle affirmé, plaidant pour une logique de partenariat équitable et durable.
Facilitation du commerce : frontières intelligentes et procédures numérisées
Au-delà du cacao, l’ambassadrice belge a également annoncé le soutien de son pays à la mise en place de postes frontières dits « à arrêt unique » dans le cadre du Régime commercial simplifié (RECOS), déjà expérimenté dans d’autres pays d’Afrique australe. Ce système permet de réduire les délais et les coûts de passage pour les petits commerçants, en particulier dans les zones frontalières enclavées.
En parallèle, la Belgique apportera son appui au processus de digitalisation des échanges commerciaux via le Guichet unique du commerce extérieur (SEGUCE), outil central dans la modernisation des procédures douanières congolaises. À ce jour, selon des chiffres du FMI, plus de 60 % des petits exportateurs congolais se heurtent encore à des formalités jugées trop complexes ou onéreuses.
Pour assurer un suivi opérationnel, une commission mixte composée d’experts du ministère du Commerce extérieur et de l’ambassade de Belgique a été mise sur pied. Sa mission : traduire les engagements en actions concrètes dans les semaines à venir.
De son côté, le ministre Julien Paluku a salué « une coopération pragmatique et orientée vers les résultats », rappelant que le commerce extérieur, encore très dépendant des exportations minières, devait progressivement s’ouvrir à d’autres filières compétitives et génératrices d’emplois. En toile de fond, l’ambition de Kinshasa de diversifier ses recettes extérieures, alors que les cours des matières premières restent soumis à des cycles instables.
— Peter MOYI






