Le 11 octobre 2025, au Makutano Talk, le gouverneur de la BCC André Wameso Nkwaloki a attribué le regain du franc congolais à un ajustement du coefficient des réserves obligatoires imposées aux banques. Une injection ponctuelle de 50 millions USD, le 18 août 2025, a servi de signal au marché, mais n’a pas constitué le levier principal.
La mesure cible une source de pression identifiée : une surliquidité en CDF nourrie par un coefficient resté inchangé depuis 2022. Ce paramètre laissait trop de monnaie locale en circulation, alimentant la dépréciation les mois précédents. « C’était une vanne ouverte », a résumé le gouverneur. En rehaussant l’exigence de réserves, la BCC a retiré une partie de la liquidité excédentaire, réduisant la capacité de création de crédit en CDF et desserrant la pression sur le taux de change.
Ce qui a changé dans la liquidité bancaire
La banque centrale a combiné trois actions : un test d’intervention en devises (50 millions USD) pour rassurer les opérateurs, le relèvement des réserves obligatoires pour absorber l’excès de CDF, et un calage avec les échéances fiscales payées en monnaie nationale, ce qui renforce la demande de CDF à date fixe. Cette séquence agit sur les anticipations et sur la liquidité : moins de CDF disponibles dans le système, davantage de règlements en monnaie locale, meilleure tenue du change.
Le gouverneur situe l’horizon d’ajustement sur trois mois — septembre, octobre, novembre 2025 — afin de laisser les taux interbancaires et les portefeuilles bancaires intégrer la nouvelle contrainte. « Ce n’est pas une appréciation mécanique du taux de change, mais la correction d’un déséquilibre structurel », a-t-il précisé. La trajectoire visée : stabiliser d’abord, ancrer les anticipations, puis verrouiller la discipline de liquidité. À partir de décembre 2025, la BCC entend adopter un rôle de gardien de la stabilité pour préserver les équilibres retrouvés.
Le message adressé au marché est explicite : la cohérence des instruments — réserves obligatoires, interventions ciblées, coordination fiscale — prime sur la taille des ventes de devises. La réaction a été visible dès la première semaine de septembre, signe que la confiance revient lorsque le cadre opérationnel est lisible. Reste à confirmer la durabilité : la tenue du change dépendra d’une coordination étroite entre la BCC et le gouvernement, d’une gestion stricte de la liquidité, et d’un suivi régulier des recettes et paiements qui influencent la demande de CDF. Faute d’une organisation rigoureuse, a averti le gouverneur, on risquerait de « labourer la mer ».
— M. KOSI






