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Beni : les prix des denrées alimentaires bondissent de 25 à 33 % en une semaine

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Dans la ville de Beni, au Nord-Kivu, la population est confrontée à une situation alarmante. Depuis quelques jours, les prix des denrées alimentaires connaissent une augmentation importante, bouleversant le fragile équilibre économique des foyers. Les marchés, autrefois animés, reflètent désormais l’inquiétude des vendeurs et des consommateurs face à la flambée des coûts et à la raréfaction des produits essentiels.

Les témoignages recueillis auprès des commerçants révèlent une dure réalité. Graciane Syayira, qui vend du poisson chinchard, décrit un marché en pleine mutation. Elle explique qu’un carton de 15 kg, autrefois accessible à 75 000 FC, est désormais vendu entre 90 000 et 100 000 FC. Pour elle, comme pour ses collègues, il est difficile d’identifier clairement les causes de cette augmentation soudaine. Une autre vendeuse, face à des étalages presque vides, ajoute que les prix unitaires des poissons ont doublé, atteignant parfois 3000 FC. Ces changements rapides pèsent sur les commerçants autant que sur les ménages qui peinent à s’adapter.

Cette hausse des prix ne se limite pas au poisson. La pomme de terre, aliment de base pour de nombreux foyers, connaît également une inflation notable. La variété « carolis », qui coûtait 2000 FC le kilo il y a quelques semaines, est désormais proposée à 2500 FC. Thérèse Kombi, vendeuse dans le quartier Mayangose, attribue cette situation à plusieurs facteurs : les excès de consommation pendant les fêtes de fin d’année, mais aussi la perturbation des approvisionnements en provenance d’Alimbongo, une zone agricole touchée par les conflits armés.

Les oignons, tout comme d’autres légumes, suivent la même tendance. Leur prix, auparavant stable, augmente à un rythme inquiétant. L’insécurité, qui affecte directement les zones de production et les routes commerciales, est identifiée comme une des causes majeures de cette crise. Les régions environnantes, dont le Mayangose et le sud de Lubero, sont en proie à des violences qui perturbent les activités agricoles et les échanges commerciaux. À cela s’ajoute la saison sèche, réduisant encore davantage les récoltes disponibles.

Cette situation met en lumière la fragilité du système économique local, où l’approvisionnement en produits de première nécessité dépend étroitement de la stabilité sécuritaire. Les habitants, déjà confrontés à des conditions de vie précaires, se trouvent désormais contraints de revoir leurs habitudes alimentaires. Beaucoup évoquent des sacrifices quotidiens pour s’adapter à cette inflation, mais la résignation n’efface pas l’urgence d’une solution durable.

Alors que les prix continuent d’augmenter, la population de Beni attend des réponses. Si la situation persiste, elle pourrait aggraver les tensions sociales dans une ville qui lutte déjà contre les impacts de l’insécurité.

— Peter MOYI

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