Le projet de Loi de finances 2026 du gouvernement Suminwa 2 attend toujours son examen au Parlement. L’Observatoire de la dépense publique (ODEP) avertit : la structure budgétaire reste dominée par le fonctionnement, tandis que les crédits d’investissement — moteur de la croissance, de l’emploi et de la productivité — sont exécutés à moins de 5 % de leurs prévisions. Résultat : le budget sert d’abord d’outil de gestion administrative au lieu d’être un levier de transformation. Pour l’ODEP, la dérive nourrit les rentes, accroît les risques de détournements et neutralise les effets multiplicateurs attendus des infrastructures, de l’éducation et de la santé.
Remettre la dépense publique sur une trajectoire productrice de valeur
L’ODEP propose un recentrage méthodique autour du cycle planification – programmation – budgétisation – suivi (PPBS), avec une priorité : réhabiliter le sous-compte “investissement” à la BCC. Techniquement, ce compte dédié assurait la traçabilité des décaissements, la discipline d’exécution et la centralisation des flux liés aux projets, limitant les arbitrages de trésorerie au détriment des chantiers. Sa réactivation redonnerait au ministère du Plan son rôle de chef d’orchestre, clarifierait les responsabilités et améliorerait la prévisibilité des paiements aux entreprises, un point clé pour la trésorerie du secteur privé et l’emploi.
L’organisation appelle à faire de 2026 un budget de transformation fondé sur des investissements à fort effet multiplicateur. Les secteurs cibles : routes, énergie, eau potable, éducation et formation professionnelle, santé publique, relance agricole et rurale, ainsi que la montée en gamme des PMI en amont et en aval de l’agriculture. Les projets doivent être sélectionnés selon trois critères économiques : rentabilité socio-économique (coûts/avantages, gains de productivité, accès aux services), viabilité financière (cofinancement, soutenabilité des charges futures) et réduction des disparités territoriales (accès aux marchés, désenclavement).
Côté gouvernance, l’ODEP réclame une publication trimestrielle de l’exécution physique et financière des projets, un contrôle parlementaire et citoyen renforcé, ainsi que la poursuite des auteurs de surfacturations et détournements relevés par la Cour des comptes et l’IGF. Cette transparence n’est pas cosmétique : elle conditionne la confiance des bailleurs et des investisseurs, fluidifie la mobilisation des recettes et réduit le coût du capital pour l’État comme pour les entreprises.
Au plan macroéconomique, la logique est claire : sans capital public, pas d’élargissement durable de l’assiette fiscale. Une route entretenue abaisse les coûts logistiques, stabilise les marges, attire l’investissement privé et, in fine, accroît les recettes. À l’inverse, un budget centré sur le fonctionnement multiplie les charges récurrentes sans stimuler la productivité ni la croissance potentielle. Réorienter chaque franc vers la valeur collective maximale, c’est rétablir le rôle du budget : outil de développement, de cohésion sociale et de dignité nationale.
L’ODEP en appelle à un sursaut des députés et sénateurs lors du vote : réhabiliter l’investissement public pour redonner au budget sa vocation première et sortir d’une économie de rattrapage. Un signal fort — sous-compte investi à la BCC, pipeline de projets notés et hiérarchisés, reporting trimestriel — remettrait la dépense sur une trajectoire productive, soutiendrait l’industrialisation, créerait des emplois durables et réduirait la dépendance aux appuis extérieurs.
— M. KOSI






