Lekoil entend s’imposer comme l’un des fers de lance de la production pétrolière indépendante au Nigeria. Son objectif affiché : porter à terme sa capacité à 250 000 barils par jour, soit près de 18 % de la production actuelle du pays. Cette ambition, alors que le Nigeria peine à maintenir ses extractions autour de 1,4 million de barils par jour en 2025 selon l’OPEP, repose sur une stratégie d’optimisation des actifs marginaux et le renforcement d’une gouvernance centrée sur la responsabilité environnementale et sociale.
L’entreprise, présente sur plusieurs licences stratégiques, s’est distinguée en 2013 avec la découverte du champ Ogo-1, estimée à plus de 700 millions de barils d’équivalent pétrole, marquant l’une des plus importantes avancées du secteur offshore nigérian de la dernière décennie. Ce gisement, opéré dans la licence OPL 310 au large de Lagos, a repositionné le Nigeria sur la carte des nouvelles opportunités pétrolières en Afrique de l’Ouest, alors que la concurrence régionale s’intensifie avec l’Angola et le Ghana.
Dans l’État de Rivers, Lekoil a pris le contrôle du champ Otakikpo au sein de l’OML 11, mis en production en 18 mois seulement – une performance qui divise par deux le délai moyen de mise en exploitation observé chez d’autres opérateurs locaux. Selon le cabinet Wood Mackenzie, cette rapidité a permis à Lekoil d’anticiper la volatilité des cours et de sécuriser des revenus, dans un contexte où le baril oscille entre 72 et 78 dollars depuis début 2025.
La firme nigériane ne mise pas uniquement sur la croissance des volumes. Son partenariat, annoncé en janvier 2025 avec le gouvernement d’Akwa Ibom, vise à structurer la chaîne de valeur, en intégrant l’agriculture et les projets communautaires à l’activité pétrolière. Il s’agit, pour Lekoil, de démontrer que l’industrie extractive peut soutenir une dynamique d’industrialisation locale, tout en répondant aux nouveaux standards mondiaux en matière de gouvernance environnementale et sociale.
La Chambre africaine de l’énergie, par la voix de son président exécutif NJ Ayuk, insiste sur la nécessité pour les producteurs africains de dépasser la logique d’exportation brute. « Les ressources doivent être le moteur d’un développement local, d’une montée en compétence et d’une transformation industrielle », rappelle-t-il. Ce message prend une résonance particulière dans le contexte actuel, où le Nigeria multiplie les initiatives pour valoriser ses réserves non exploitées et renforcer sa souveraineté énergétique.
La participation de Lekoil à l’African Energy Week 2025 illustre la volonté des opérateurs indépendants de repositionner le secteur pétrolier nigérian sur la scène continentale, grâce à une gouvernance rénovée et une accélération des investissements ciblés.
— Peter MOYI






