Dans une démarche audacieuse visant à renforcer le secteur bancaire et à stimuler l’économie locale, le gouvernement camerounais, sous la houlette du ministre des Finances Louis Paul Motaze, a récemment annoncé son intention de trouver un partenaire stratégique pour la Commercial Bank-Cameroon (CBC). Détenteur de 98% des parts, l’État prévoit de céder 51% de son capital, marquant ainsi un tournant décisif dans l’histoire de cette institution financière.
Cette initiative fait suite à un processus rigoureux de sélection qui devrait aboutir à la signature d’un accord de rachat d’ici la fin du premier semestre 2024. Les offres de repreneurs potentiels, attendues avec impatience dans les prochaines semaines, joueront un rôle crucial dans le choix du futur actionnaire majoritaire. Selon des sources internes, une préférence serait accordée à un investisseur local, soulignant ainsi l’importance accordée au développement économique interne.
En parallèle, une opération de cession de 30% des parts de la CBC est prévue via la Bourse des Valeurs Mobilières d’Afrique centrale (BVMAC) avant la fin de l’année 2024. Cette démarche réduira la participation de l’État à 17%, les 2% restants étant détenus par l’assureur Allianz. L’aval de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) et de la Commission bancaire d’Afrique centrale (COBAC) sera indispensable pour la finalisation de cette transition.
L’histoire de la CBC est marquée par des hauts et des bas, notamment une mise sous administration provisoire en 2009 due à des pratiques de gestion douteuses. Cependant, grâce à une intervention étatique comprenant une recapitalisation de 12 milliards FCFA et un assainissement du bilan, la banque a su retrouver le chemin de la prospérité. En 2022, elle se classe septième banque du pays avec un total de bilan de 578,5 milliards FCFA, en progression de 50,3 milliards FCFA par rapport à l’année précédente. Son portefeuille de crédits atteint 370 milliards FCFA, faisant d’elle un acteur majeur du prêt à l’économie camerounaise. Son bénéfice net se maintient à 3,5 milliards FCFA, démontrant la solidité financière retrouvée de l’établissement.
Le choix de se désengager partiellement de la CBC s’inscrit dans une logique de restructuration plus large qui inclut également la NFC Bank et l’UBC, toutes deux engagées dans des processus similaires. Ce réalignement stratégique du secteur bancaire camerounais vise non seulement à renforcer les fondations de ces institutions mais également à injecter un dynamisme nouveau dans l’économie nationale.
Par L’Éditorial