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Chine : un modèle économique sous pression avec 313 % du PIB en dette et une consommation intérieure à 35 %

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La Chine, moteur incontesté de l’économie mondiale ces dernières décennies, traverse aujourd’hui une période de turbulences économiques. Si le pays continue d’afficher des ambitions de croissance élevées, des signaux inquiétants remettent en question la solidité de son modèle. Entre tensions internationales, ralentissement interne et déséquilibres structurels, l’économie chinoise semble engagée dans une phase délicate où les réformes deviennent une priorité.

La dépendance historique de la Chine aux exportations a permis au pays de devenir l’atelier du monde, mais elle s’avère aujourd’hui être une faiblesse. Alors que la demande internationale s’essouffle et que de nombreux pays diversifient leurs chaînes d’approvisionnement pour réduire leur dépendance, la Chine peine à stimuler son marché intérieur. La consommation des ménages, qui ne représente que 35 % de son PIB, reste trop faible pour compenser ce recul. En comparaison, les économies occidentales s’appuient sur une consommation qui atteint parfois jusqu’à 70 % de leur PIB. Ce déséquilibre limite les marges de manœuvre de Pékin pour renforcer son autonomie économique.

Dans les provinces reculées, le contraste avec les grandes villes comme Pékin ou Shanghai est saisissant. Si ces métropoles prospèrent avec des revenus comparables à ceux de pays européens, les zones rurales restent largement à la traîne. Les inégalités de développement freinent l’émergence d’une classe moyenne robuste et limitent les perspectives de dynamisation de la consommation nationale. Parallèlement, l’endettement croissant, qui atteint désormais plus de 300 % du PIB pour le secteur non financier, constitue une bombe à retardement financière. Cette situation fragilise les entreprises et les gouvernements locaux, dépendants des revenus fonciers pour financer leurs projets.

Sur le plan international, la Chine fait face à une pression accrue. Les relations commerciales avec les États-Unis, marquées par une défiance mutuelle, se sont détériorées ces dernières années. Ce contexte géopolitique tendu affecte directement les exportations, avec une contraction notable des échanges. Les industries chinoises, longtemps axées sur des productions de masse à faible coût, souffrent désormais de surcapacités dans des secteurs clés comme l’électronique et la chimie. Cette dynamique alimente une baisse de la rentabilité et complique la transition vers des activités à plus forte valeur ajoutée.

À ces difficultés s’ajoute la crise immobilière, véritable talon d’Achille de l’économie chinoise. Depuis 2021, des géants comme Evergrande ont accumulé des défauts de paiement, entraînant une chute des prix de l’immobilier et un effondrement des ventes. Ce secteur, qui représente près d’un tiers de l’activité économique nationale, est essentiel pour la croissance. Pourtant, la baisse de confiance des ménages envers le marché immobilier, combinée à un niveau élevé d’endettement des promoteurs, freine toute reprise durable.

Le marché de l’emploi reflète également les tensions économiques. Le taux de chômage chez les jeunes, qui atteint des sommets, affecte directement le pouvoir d’achat et aggrave le recul de la consommation. Cette génération, confrontée à des perspectives incertaines, adopte des comportements prudents en matière de dépenses, augmentant leur épargne plutôt que de consommer. Ce phénomène, bien que compréhensible, alimente un cercle vicieux qui freine la reprise économique.

Dans ce contexte, Pékin tente de stabiliser la situation en multipliant les mesures. Réduction des taux d’intérêt, allégement fiscal pour les acheteurs immobiliers et soutien aux projets de rénovation urbaine figurent parmi les initiatives les plus récentes. Cependant, ces efforts, bien qu’encourageants, peinent à répondre aux problématiques de fond qui minent le modèle économique du pays.

Pour redresser durablement son économie, la Chine devra s’engager dans une véritable transformation structurelle. Cette mutation nécessitera non seulement de repenser son modèle de croissance, mais aussi de renforcer son marché intérieur tout en diversifiant ses exportations. La résilience de la deuxième puissance mondiale dépendra de sa capacité à s’adapter à un environnement international en mutation et à des défis internes complexes.

— M. KOSI

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