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Christophe Bitasimwa prend les rênes de l’IGF avec la promesse de maintenir la rigueur instaurée sous Alingete

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L’Inspection générale des finances (IGF) entre dans une nouvelle phase avec la nomination de Christophe Bitasimwa à sa tête. Lors de la cérémonie de passation organisée jeudi à Kinshasa, le nouveau patron de ce service rattaché à la Présidence a exprimé sa volonté de maintenir le niveau d’exigence atteint sous la conduite de Jules Alingete.

Dans une déclaration sobre mais ferme, Bitasimwa a salué le parcours de son prédécesseur tout en affirmant sa détermination à poursuivre le travail engagé. "L’image de l’IGF est aujourd’hui très élevée grâce à l’impulsion du chef Alingete. On ne le remplace pas, on lui succède", a-t-il déclaré, insistant sur l’idée de continuité plutôt que de rupture.

L’homme connaît la maison. Économiste de formation, Bitasimwa n’est pas un inconnu dans les couloirs de l’IGF. Il y a fait ses preuves aux côtés de Jules Alingete, qui n’a d’ailleurs pas manqué de souligner les compétences de celui qui prend le relais. "Je connais ses capacités. Il saura assumer ses responsabilités avec sérieux", a affirmé Alingete, remerciant au passage le Chef de l’État pour la confiance renouvelée à cette institution clé de la gouvernance financière.

Le signal envoyé par la Présidence à travers la présence du directeur de cabinet, Antony Kinzo, ne laisse aucun doute sur l’importance stratégique de ce changement. "Le contrôle ne fait pas de bruit, mais il est implacable", a-t-il rappelé à l’assistance, insistant sur les attentes fortes placées dans l’IGF à un moment où les finances publiques demeurent sous haute surveillance. Kinzo a aussi évoqué la nécessité pour la nouvelle équipe de faire preuve de discrétion, d’assiduité et de rigueur, des valeurs devenues synonymes de l’action de l’Inspection sous Alingete.

Dans une allocution aux accents plus personnels, Kinzo a rendu un hommage mesuré mais appuyé au chef sortant : "Vous avez marqué votre époque. Certains critiqueront, mais nous savons ce que vous avez apporté". Une manière de reconnaître l’impact du style Alingete, parfois jugé abrasif, mais salué pour son efficacité.

Depuis sa réforme et la redéfinition de ses missions sous le mandat de Félix Tshisekedi, l’IGF est devenue une pièce maîtresse de l’appareil de contrôle de l’État. Chargée de l’audit de la dépense publique, elle a été à l’origine de plusieurs rapports qui ont conduit à des sanctions administratives, voire judiciaires. Selon les chiffres de la Cour des comptes relayés en 2023, plus de 400 millions USD d’irrégularités avaient été signalés dans les finances publiques en moins de deux ans, grâce aux contrôles croisés entre l’IGF et d’autres services d’inspection.

Le défi qui attend Bitasimwa n’est donc pas seulement de prolonger une dynamique engagée, mais d’ancrer durablement une culture du contrôle efficace dans une administration encore rétive à la transparence. La légitimité de l’IGF, acquise sous une pression médiatique et politique intense, devra désormais se consolider par la qualité technique de ses missions et l’indépendance de son action.

Avec cette transition, le pouvoir envoie aussi un message de stabilité : l’IGF, même en changement de tête, reste fidèle à ses principes. Mais le contexte économique actuel — tension budgétaire, attentes sociales, et relance post-électorale — exigera sans doute de Bitasimwa autre chose qu’un simple héritage à entretenir. Il lui faudra construire sa propre méthode, tout en gardant l’objectif de restaurer la confiance dans la gestion publique.

— M. MASAMUNA

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