La Minière de Bakwanga (MIBA), société jadis fleuron du diamant congolais, pourrait entamer une nouvelle phase de réhabilitation. Une délégation technique venue du Botswana a récemment passé au crible l’étendue des ressources encore disponibles dans le périmètre de la MIBA, situé au Kasaï Oriental. Leur verdict : le potentiel reste exploitable.
Ce déplacement n’avait pas pour but immédiat une injection de capitaux. Les experts botswanais, mandatés à titre consultatif, ont conduit une mission d’observation sur le terrain afin d’élaborer un programme d’appui stratégique à la relance industrielle de la société congolaise. Cette approche, qui mise d’abord sur la connaissance précise de l’existant, marque une rupture avec les anciennes tentatives de relance aux effets limités.
Selon Joëlle Kabena, coordonnatrice de l’Unité de Gestion du Projet de relance (UGP-MIBA), les échanges entre les techniciens botswanais et l’équipe locale ont permis de mettre en lumière des points d’intérêt et des pistes de travail. Leur mission ne s’arrête pas là. Avant leur départ, ils devraient encore collecter un ensemble de données techniques complémentaires. Ces informations alimenteront un plan minier structuré, conçu pour redéployer la MIBA selon un phasage précis : à court, moyen et long terme.
Ce projet vise à reconstruire une chaîne de valeur locale autour du diamant industriel et artisanal. L’accompagnement attendu s’étendra au-delà de la simple extraction. Il englobera la formation des jeunes et le renforcement de compétences locales pour une meilleure redistribution des richesses générées.
La MIBA, qui occupe plus de 45.000 hectares dans une région stratégique, dispose encore d’un sous-sol à forte teneur diamantifère. Mais faute d’investissements et de modernisation depuis deux décennies, son activité s’est progressivement éteinte. Selon les données de la Fédération des Entreprises du Congo (FEC), plus de 70 % des anciens employés de la MIBA sont restés sans emploi formel depuis 2010.
Le partenariat en gestation avec l’équipe botswanaise s’inscrit dans une logique de coopération technique Sud-Sud, un modèle de plus en plus prisé pour relancer les industries extractives dans les pays africains. En misant sur l’expertise d’un pays qui a su bâtir un modèle diamantifère rentable (le Botswana est classé 2e producteur mondial de diamants en valeur), la RDC espère éviter les erreurs du passé.
Reste à voir si les prochaines étapes – dont la validation du plan minier global – aboutiront à une stratégie concrète assortie de financements. Pour l’instant, cette mission évaluative ouvre la porte à une collaboration plus structurée, susceptible de redonner à la MIBA un rôle moteur dans le tissu économique du Kasaï Oriental.
— M. KOSI.