À Kinshasa, ce 8 mai, le cobalt a occupé le centre des échanges entre les autorités congolaises et une délégation du Fonds monétaire international. Invité par le ministre des Mines, Kizito PAKABOMBA, le FMI est venu examiner les options d’encadrement des exportations de cette ressource convoitée, alors que démarre la première revue du programme économique signé avec le gouvernement.
La rencontre s’est tenue en présence de représentants de la Présidence, de la Primature, du ministère des Finances, de l’ARECOMS (chargée du contrôle des minerais stratégiques), de la DGRAD et de la Cellule Technique de Réforme. À l’ordre du jour : la mise en place de quotas et la suspension ciblée des flux de cobalt vers l’étranger.
Calixte Ahokpossi, chef de mission du FMI, a rappelé que la production minière reste au cœur du dispositif fiscal de la RDC. Le cobalt, en particulier, représente environ 70 % de l’offre mondiale, avec une contribution estimée à plus de 60 % des recettes d’exportation du pays. À ce titre, toute initiative de régulation a des répercussions immédiates sur le budget national.
L’objectif affiché par Kinshasa est double : stabiliser les prix en amont et renforcer la chaîne de transformation sur place. Les autorités congolaises souhaitent limiter les ventes à l’état brut, qui rapportent peu comparées aux produits transformés. Une étude du CNPAV chiffre à 750 % l’écart de revenus entre un kilo de cobalt raffiné localement et son équivalent brut vendu à l’international.
Le FMI, de son côté, encourage une approche équilibrée. Il ne s’agit pas d’entraver les exportations, mais de les rendre plus transparentes et cohérentes avec les objectifs climatiques internationaux. « Les ressources minières doivent être gérées avec méthode, dans un souci de long terme« , a résumé Ahokpossi, soulignant l’importance d’un suivi budgétaire précis.
Le débat n’est pas nouveau. Depuis plus d’un an, l’ARECOMS tente d’instaurer un mécanisme de contrôle des volumes, sans toujours obtenir l’adhésion des groupes miniers. La plupart des exploitations opérant en RDC sont détenues par des entreprises chinoises ou anglo-saxonnes, dont les modèles économiques reposent sur des extractions massives et une expédition directe vers des usines situées hors d’Afrique.
La question posée par cette réunion dépasse la simple régulation des flux. Elle interroge sur la capacité du pays à mieux capter la valeur ajoutée, à attirer des investissements dans les chaînes locales de traitement, et à structurer un appareil fiscal efficace. Pour y parvenir, les outils du FMI — notamment la Facilité élargie de crédit (FEC) et la Facilité pour la résilience et la durabilité (FRD) — pourraient offrir un levier, à condition de réformes tangibles sur le terrain.
Le gouvernement dit vouloir avancer, mais il reste à convaincre les opérateurs privés. La suite des discussions, attendue en juin, devrait préciser les modalités d’application de ces quotas. Un test décisif pour la crédibilité de la stratégie minière congolaise à l’heure où la demande mondiale de cobalt ne cesse de croître.
— M. KOSI