Le 12 septembre 2024, une réunion clé a été tenue sous la présidence du Ministre des Finances, Doudou Fwamba Likunde Li-Botayi. Au cœur des discussions, la finalisation de la réforme de la TVA en République Démocratique du Congo et l’introduction imminente de la facture normalisée. Cette réforme vise non seulement à améliorer la collecte de la TVA, mais surtout à élargir l’assiette fiscale, un enjeu important pour la stabilité financière du pays.
Avec une phase pilote programmée pour le 15 septembre 2024, le ministère met en place un plan structuré qui s’articule autour de deux volets principaux : la formation des acteurs concernés et l’acquisition des équipements nécessaires pour assurer le bon déroulement de cette transition. Mais au-delà de la logistique, cette réforme repose sur des enjeux économiques profonds pour la RDC.
Une réforme aux répercussions économiques importantes
La mise en place d’une facture normalisée n’est pas simplement un exercice administratif. Cette mesure est destinée à augmenter la traçabilité des transactions, un facteur clé dans la lutte contre l’évasion fiscale, qui prive l’État congolais de ressources considérables chaque année. En effet, avec une meilleure traçabilité, les autorités fiscales pourront capturer une partie des transactions qui, jusqu’ici, échappaient au radar du fisc.
Les projections actuelles suggèrent que cette réforme pourrait permettre une augmentation des recettes fiscales de l’ordre de 15 à 20 % dans les deux prochaines années. Une telle augmentation des recettes permettrait de financer des projets stratégiques dans les infrastructures, la santé, et l’éducation, réduisant ainsi la dépendance de la RDC aux financements extérieurs.
La transparence et la sécurisation des données fiscales
Un des points forts de cette réforme réside dans la sécurisation des données fiscales. Le Ministre Doudou Fwamba a réitéré l’importance de garantir une transparence totale dans la gestion des informations fiscales. En sécurisant les données des entreprises, l’État espère également renforcer la confiance des investisseurs et stimuler l’économie locale. Le secteur minier, moteur de l’économie congolaise, pourrait particulièrement bénéficier de cette réforme. En effet, une meilleure régulation des transactions dans ce secteur clé pourrait générer des revenus supplémentaires pour l’État, tout en favorisant une plus grande transparence dans l’exploitation des ressources naturelles.
Il est aussi prévu que des formateurs soient déployés dans tout le pays pour accompagner les entreprises et les acteurs économiques dans cette transition vers une gestion plus moderne et transparente des taxes. L’État congolais, en modernisant ses outils fiscaux, envoie un signal fort à ses partenaires internationaux et aux investisseurs potentiels, renforçant ainsi son image de destination fiable pour les affaires.
Maximiser les recettes publiques : un enjeu pour la souveraineté économique
En élargissant l’assiette fiscale et en optimisant la collecte de la TVA, cette réforme vise à renforcer la souveraineté financière de la RDC. Avec un taux de TVA déjà fixé à 16 %, l’introduction d’une facture normalisée pourrait combler les déficits de recouvrement, qui ont atteint des niveaux préoccupants au cours des dernières années. Selon les estimations, près de 30 % des transactions économiques échappent au contrôle fiscal en RDC, un manque à gagner considérable pour l’État.
À terme, l’objectif est d’augmenter les recettes fiscales de manière durable, pour permettre au gouvernement de financer ses projets sans avoir recours à l’endettement extérieur. Dans un pays où le secteur informel représente une part importante de l’économie, cette réforme pourrait avoir des effets transformateurs en intégrant progressivement ces acteurs dans le système fiscal officiel.
M.MATUVOVANGA