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Expo béton RDC 2024 : seulement 6 milliards USD d’investissements directs étrangers pour la RDC en 2023, un signal d’alarme pour l’économie du pays

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En 2023, la République Démocratique du Congo n’a attiré que 6 milliards de dollars d’investissements directs étrangers (IDE), soit à peine 3 % du total de 53 milliards de dollars investis sur l’ensemble du continent africain. Ce chiffre, révélé par Yann Leroux, Directeur Général de SEGUCE/Veritas lors de l’Expo Béton RDC 2024, soulève de sérieuses questions sur la compétitivité économique de la RDC et sa capacité à tirer parti de ses vastes ressources naturelles.

« La RDC, avec seulement 6 milliards de dollars captés, fait face à une marge de progression immense dans un contexte où les investissements en Afrique continuent de croître de manière exponentielle », a souligné Leroux.

Un déficit d’attractivité qui freine la croissance

Cette performance en deçà des attentes, alors que plusieurs autres pays africains parviennent à attirer des flux d’IDE bien plus conséquents, est attribuée à une série de freins structurels au développement économique. Yann Leroux a pointé du doigt l’absence d’un cadre réglementaire adéquat et une coordination inefficace entre les différentes administrations publiques comme des obstacles majeurs à l’attractivité du pays.

« La mise en place d’un cadre réglementaire solide et cohérent est impérative si la RDC souhaite devenir un acteur majeur dans le secteur des IDE », a insisté Leroux.

Trois axes pour relancer les investissements

Pour inverser cette tendance et dynamiser les investissements dans les secteurs clés de l’économie congolaise, notamment les mines, l’industrie et les infrastructures, Leroux a proposé trois axes prioritaires :

  1. Définir un cadre réglementaire solide et transparent : Ce cadre doit offrir des garanties aux investisseurs tout en assurant une gestion rigoureuse des risques.
  2. Adopter une loi contraignante sur les investissements : Cette loi permettrait de clarifier les règles du jeu pour les investisseurs nationaux et internationaux, tout en garantissant une stabilité réglementaire nécessaire à long terme.
  3. Renforcer les contrôles réglementaires : La mise en œuvre efficace de ces contrôles serait confiée à un organisme de supervision indépendant, avec pour mission de veiller à l’application stricte des règles et à la transparence dans les processus d’investissement.

Leroux a également mis en avant le rôle clé de l’État congolais, qui doit porter cette réforme et garantir une application stricte des nouvelles normes. Selon lui, « l’Office Congolais de Contrôle (OCC) est l’organisme le mieux placé pour s’assurer que ces réformes soient mises en œuvre de manière efficace », en raison de son expertise et de son ancrage dans l’économie nationale.

Un potentiel économique inexploité

La RDC, avec ses ressources naturelles abondantes – pétrole, cuivre, cobalt, et autres minerais stratégiques –, dispose d’un potentiel économique considérable. Pourtant, ce potentiel reste largement inexploité en raison de l’incertitude réglementaire et du manque de mécanismes fiables pour attirer et sécuriser les investissements. « Il est crucial d’envoyer un signal clair aux investisseurs en créant un cadre de confiance qui encourage les projets à long terme », a expliqué Leroux.

Plusieurs pays africains, notamment en Afrique de l’Est et en Afrique australe, ont déjà pris des mesures pour attirer une part significative des IDE en instaurant des réformes efficaces et en créant un environnement favorable aux affaires. La RDC doit suivre cet exemple si elle souhaite capter une part plus importante des 53 milliards de dollars investis chaque année sur le continent.

Vers une transformation économique

L’Expo Béton RDC 2024 a permis de souligner les enjeux économiques auxquels le pays fait face, et la nécessité de réformes profondes pour rendre l’économie congolaise plus attractive. Les discussions autour des investissements dans le secteur des infrastructures et de la construction, mais aussi dans les industries extractives, montrent que les solutions existent, mais qu’elles nécessitent un engagement ferme de l’État.

L’intervention de Yann Leroux pourrait marquer un tournant dans la prise de conscience de l’importance d’une réglementation claire pour les investisseurs. « Sans réformes, la RDC continuera de stagner à 3 % des IDE en Afrique, un chiffre qui ne reflète en rien les capacités réelles du pays », a-t-il conclu.

Avec une volonté politique affirmée et des réformes bien structurées, la RDC pourrait non seulement améliorer son attractivité, mais également stimuler son développement économique, tout en renforçant ses secteurs stratégiques comme les mines et les infrastructures.

Peter MOYI

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