En République Démocratique du Congo, les chiffres liés aux dépenses de fonctionnement des ministères révèlent une progression difficile à ignorer. Entre 2020 et 2025, les projections montrent une augmentation vertigineuse, passant de 333 millions à 789 millions de dollars américains. Une telle envolée, marquée par un bond de 137 %, met en lumière les défis auxquels le gouvernement est confronté pour contenir le train de vie des institutions publiques.
En 2021, le Trésor public a supporté une facture de 569,9 millions de dollars pour couvrir les frais de fonctionnement des institutions, soit plus du double des prévisions budgétées à 270 millions. Un taux d’exécution de 211 % qui interpelle sur la gestion des finances publiques. Rien qu’au mois d’octobre 2024, ces frais ont déjà atteints 101,2 millions de dollars, consolidant une tendance haussière inquiétante. Ces dépenses, en constante augmentation, interrogent sur la capacité du gouvernement à tenir ses engagements récurrents de rationaliser les coûts de fonctionnement des institutions.
Les voix critiques ne manquent pas pour pointer l’absence de mesures concrètes. L’Observatoire de la Dépense Publique (ODEP) plaide pour une réforme administrative profonde, notamment par la réduction du nombre de ministères et une rationalisation des avantages octroyés aux membres du gouvernement. Ces propositions s’inscrivent dans un besoin urgent de réduire les charges fixes qui grèvent les ressources publiques au détriment des secteurs prioritaires comme la santé, l’éducation ou les infrastructures.
Cependant, la mise en œuvre de ces réformes dépend largement d’une volonté politique ferme. Pour l’instant, les actions concrètes peinent à se matérialiser, laissant les observateurs sceptiques sur la réalisation effective des promesses faites par les autorités. L’enjeu ne se limite pas à la réduction des dépenses; il s’agit également de réorienter les fonds vers des programmes de développement capables de répondre aux besoins pressants de la population.
La gestion des finances publiques en RDC reste donc un équilibre fragile entre les engagements pris et les réalités budgétaires. Tandis que les dépenses de fonctionnement continuent d’augmenter, les attentes des citoyens, elles, se tournent vers des investissements visibles et durables. Sans un changement de cap rapide, les débats autour du train de vie des institutions risquent de rester des discussions stériles, loin des aspirations réelles de la population congolaise.
— M. KOSI