Dans le paysage minier de la République démocratique du Congo (RDC), la SACIM se distingue par son rôle central dans l’exploitation du diamant industriel. Les chiffres récemment publiés par la Cellule technique de coordination et de planification minière (CTCPM) révèlent des exportations de 23,6 millions de dollars pour les neuf premiers mois de 2024. Ce montant dépasse déjà les résultats enregistrés sur l’ensemble de l’année précédente, marquant une performance notable pour cette entreprise.
Cette progression reflète une augmentation de 23,4 % de la production par rapport à la même période en 2023. Toutefois, ce résultat soulève des interrogations quant à la capacité de l’entreprise à maintenir une croissance durable. Le groupe chinois Anhui Foreign Economic Construction Corporation (AFECC) et l’État congolais, partenaires à parts égales dans la SACIM, n’ont pas encore communiqué publiquement sur les facteurs spécifiques qui expliquent cette évolution.
Malgré cette avancée, la SACIM reste loin des niveaux atteints en 2021 et 2022, où ses exportations culminaient à 51 millions de dollars et 62,23 millions de dollars respectivement. Cela témoigne des défis structurels auxquels fait face l’entreprise, même en tant que leader industriel dans un secteur dominé par la production artisanale.
L’importance de la SACIM s’inscrit dans un contexte où la province du Kasaï Oriental produit l’essentiel des diamants du pays, avec une contribution impressionnante de 98,5 %. Pourtant, la prédominance de la production artisanale réduit la marge de manœuvre de la société, limitant son influence sur le marché global. Avec une part de 33,2 % de la production totale nationale, la SACIM symbolise à la fois l’opportunité et la complexité de la modernisation du secteur minier en RDC.
L’histoire récente de l’entreprise rappelle que son ascension a été jalonnée de défis. L’AFECC, partenaire technique et financier, avait misé gros pour revitaliser des gisements autrefois exploités par la MIBA et d’autres acteurs locaux. Avec un investissement initial de 61 millions de dollars pour obtenir une concession et un engagement de 200 millions de dollars pour relancer les équipements et infrastructures, les attentes étaient immenses. Cependant, l’écart entre le potentiel estimé et les résultats actuels reste une préoccupation majeure.
Le rapport de l’USGS de 2023, qui place la RDC comme le deuxième producteur mondial de diamants industriels naturels avec 8 millions de carats par an, souligne l’ampleur des ressources disponibles. Pourtant, cette richesse ne se traduit pas pleinement dans les performances économiques. Les réserves estimées à 150 millions de carats pourraient propulser le pays au premier rang mondial, si les investissements et les politiques adéquates étaient mis en place.
Alors que la SACIM tente de consolider sa position, l’ombre de la MIBA plane toujours sur le secteur. Le président Félix Tshisekedi a récemment annoncé une enveloppe de 50 millions de dollars pour relancer cette société historique. Si cette promesse se concrétise, la concurrence entre ces deux acteurs pourrait redessiner les équilibres du marché. Toutefois, les défis auxquels fait face la MIBA, même avec cette aide, illustrent les complexités d’un secteur où les ambitions économiques croisent des réalités opérationnelles difficiles.
Pour la SACIM, les prochaines années seront déterminantes. Réussira-t-elle à renforcer son rôle en modernisant davantage ses outils de production et en optimisant ses exportations ? Ou bien sera-t-elle dépassée par un secteur artisanal mieux structuré et une MIBA revitalisée ? Dans un pays riche en ressources naturelles, mais encore en quête de valorisation optimale, l’avenir de l’industrie du diamant reste incertain, mais prometteur.
— Peter MOYI