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Corridors logistiques : la RDC encore bloquée par une gestion publique, l’Angola avance avec 1,6 milliard USD d’investissements

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Dans un contexte où la RDC cherche à mieux tirer parti de sa position géographique pour faciliter les exportations régionales, le ministre des Mines, Kizito Pakabomba, a lancé un message clair lors de la 9e édition de Expo Béton, tenue dans l’enceinte flambant neuve de l’Assemblée Provinciale du Haut-Katanga : libérer les infrastructures logistiques du monopole public pour accélérer le développement économique.

Le thème retenu cette année, « Les corridors sud de la RDC–SADC : Projets à développer et opportunités d’affaires », a permis de mettre en lumière les limites actuelles du modèle congolais face à celui de ses voisins, notamment l’Angola. Le ministre a exposé sans détour les causes structurelles des retards enregistrés dans le déploiement des corridors logistiques, essentiels à la fluidité des échanges et à l’attractivité du pays. Au cœur du blocage : une gestion entièrement publique des infrastructures, impliquant des circuits de financement longs, rigides, et souvent inadaptés aux exigences des partenaires privés.

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En contraste, l’Angola a opté pour un modèle hybride, reposant sur des concessions privées. Ce mécanisme permet d’attirer plus rapidement les capitaux étrangers, en levant les obstacles bureaucratiques souvent pointés du doigt par les investisseurs internationaux. L’exemple du corridor de Lobito, modernisé en partenariat avec des firmes américaines et européennes, a été cité comme une réussite régionale. Ce projet, lancé en 2023, a vu plus de 1,6 milliard de dollars mobilisés en moins de 18 mois, avec des retombées déjà visibles sur le transport des minerais et produits agricoles.

Pour Kizito Pakabomba, la RDC ne peut plus se permettre de rester à la traîne. Il a plaidé pour une approche plus pragmatique : encourager les investissements privés dans les infrastructures tout en garantissant un cadre réglementaire stable et transparent. Cette transition, selon lui, est indispensable pour désenclaver les provinces productrices, fluidifier le transport des matières premières et réduire les coûts logistiques qui grèvent la compétitivité du pays.

Mais le ministre ne s’est pas limité à un plaidoyer technique. Il a relié le développement des corridors à un objectif plus large : renforcer la transformation locale. En misant sur des infrastructures efficaces, la RDC pourrait relancer son industrie agroalimentaire, actuellement sous-développée malgré un potentiel estimé à plus de 80 millions d’hectares de terres arables. Les corridors deviendraient ainsi des catalyseurs de chaînes de valeur locales, avec à la clé des milliers d’emplois directs et indirects dans les secteurs de la logistique, de l’agriculture et de la transformation minière.

Le message de Kinshasa est clair : les infrastructures ne doivent plus être pensées comme de simples projets techniques. Elles représentent des outils de souveraineté économique, à condition de sortir d’une gestion centralisée figée. L’intervention de Kizito Pakabomba, saluée par les acteurs privés présents à l’événement, pourrait ouvrir la voie à une nouvelle doctrine en matière d’investissement public-privé dans les corridors stratégiques du pays.

Reste à savoir si cette orientation trouvera un écho politique plus large, au moment où le gouvernement prépare son programme quinquennal 2025-2030. L’ouverture aux concessions privées dans les transports, encore controversée dans certains cercles, devra surmonter les résistances administratives et les tensions liées au contrôle des actifs d’État.

Mais une chose semble acquise : sans un changement de modèle, les ambitions de la RDC dans la zone SADC risquent de rester théoriques.

— M. KOSI

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