Diversification économique : le président ordonne la création d’un Fonds souverain congolais

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félix tshisekedi

Le gouvernement congolais se prépare dans sa stratégie économique. Le chef de l’État, Félix Tshisekedi, a exigé la création rapide d’un Fonds souverain, conçu pour renforcer la stabilité financière, stimuler l’investissement productif et encourager l’innovation industrielle. Ce mécanisme puiserait ses ressources dans le Fonds minier pour les générations futures (FOMIN) et d’autres institutions publiques à vocation budgétaire.

L’idée : ne plus se contenter de gérer des flux financiers temporaires issus des matières premières, mais transformer ces recettes minières en outils pérennes de développement. Ce fonds devra intervenir à plusieurs niveaux : épargne intergénérationnelle, financement d’infrastructures durables (routes, barrages, écoles, hôpitaux), soutien aux PME et développement de pôles industriels locaux. Il devrait également jouer un rôle d’amortisseur face aux aléas du marché mondial des ressources naturelles, particulièrement instables depuis la pandémie et les tensions géopolitiques régionales.

Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement, a résumé l’esprit de cette réforme dans un message clair : « Nous devons transformer nos richesses en leviers de souveraineté et de prospérité collective ». L’initiative s’inscrit dans la volonté affichée de sortir du piège de la rente immédiate et des importations massives, au profit d’un tissu économique plus autonome.

Inspiré par les principes de Santiago, qui régissent les meilleurs fonds souverains à travers le monde, celui de la RDC devra répondre à des exigences de transparence, efficacité et indépendance de gestion. Ces principes recommandent, entre autres, une gouvernance dépolitisée, des audits externes réguliers, une stratégie d’investissement diversifiée, et une gestion prudente mais ambitieuse du portefeuille.

Un comité interministériel, dirigé par la Première ministre et incluant les ministres des Finances, du Plan, de l’Économie nationale, des Mines ainsi que la Banque centrale, a été chargé de rédiger le texte fondateur de cette institution. L’objectif est clair : doter le pays d’un instrument robuste capable de soutenir la croissance endogène tout en préparant la transmission d’un capital durable aux générations futures.

Ce signal politique intervient dans un contexte délicat. La RDC est confrontée à une pression budgétaire intense. Le président a déjà demandé au gouvernement de rationaliser les dépenses, notamment en s’attaquant aux structures étatiques jugées peu performantes. Ce point a été soulevé dès le Conseil des ministres du 2 mai dernier, avec un appel à des mesures correctives immédiates en raison du climat sécuritaire tendu à l’Est, marqué par la résurgence du M23 et les incursions répétées de groupes armés soutenus par Kigali.

En parallèle à la création du Fonds souverain, cette volonté de réduction des charges publiques laisse entrevoir un double chantier : d’un côté, consolider les ressources stratégiques du pays via une institution pérenne ; de l’autre, réduire les fuites budgétaires et les doublons administratifs pour assainir les finances publiques.

Des économistes congolais saluent l’approche, mais soulignent qu’un succès réel dépendra de la rigueur de mise en œuvre, notamment dans la sélection des projets financés, le contrôle citoyen sur les flux du fonds, et la capacité à attirer des compétences de haut niveau dans sa gestion. La RDC peut s’inspirer d’exemples comme celui de la Norvège, dont le fonds souverain a permis de soutenir l’économie tout en protégeant l’avenir des générations futures.

Reste à voir si ce chantier sera mené jusqu’au bout et avec la volonté politique nécessaire. Car sans une gouvernance solide, même les meilleurs mécanismes restent des coquilles vides. Pour la RDC, l’enjeu est simple : convertir enfin les promesses des mines en richesses durables pour le pays.

Peter MOYI

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