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Enabel et FPM ASBL injectent 2,7 millions d’euros pour faciliter l’accès au crédit des PME en RDC

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En République démocratique du Congo, un partenariat de 2,7 millions d’euros vient d’être conclu entre l’agence belge Enabel et le Fonds pour l’inclusion financière (FPM ASBL). L’objectif : améliorer l’accès aux services financiers pour les entrepreneurs locaux dans six provinces à forte densité économique mais faiblement desservies par les circuits traditionnels du crédit. Sur une durée de 30 mois, ce programme cible Kinshasa, le Haut-Katanga, le Lualaba, la Tshopo, le Kasaï Oriental et le Sud-Ubangi, où les contraintes liées à la bancarisation freinent encore largement l’essor des petites entreprises.

À peine un quart de la population congolaise dispose d’un compte bancaire, selon les derniers chiffres du Global Findex. Cette sous-bancarisation chronique ne reflète pourtant pas l’absence d’activités économiques. En milieu urbain comme rural, des milliers de microentreprises et d’initiatives locales évoluent sans accès au financement formel, freinant leur croissance et leur capacité à créer de l’emploi. Le nouveau partenariat mise justement sur la réduction de cette asymétrie.

Le financement est assuré par le Royaume de Belgique à travers Enabel, son bras opérationnel en coopération internationale. Présente en RDC depuis plus de deux décennies, l’agence belge y coordonne aujourd’hui 36 projets répartis sur 12 provinces. L’engagement budgétaire de Bruxelles sur la période 2023-2027 atteint 250 millions d’euros, une enveloppe qui fait de la RDC l’un des principaux bénéficiaires de l’aide publique au développement belge. À cela s’ajoutent quelque 105 millions d’euros provenant d’autres bailleurs, dont l’Union européenne, gérés également par Enabel.

Le dispositif annoncé ambitionne une transformation de l’offre locale de services financiers, avec un accompagnement à la fois technique et financier des institutions ciblant les MPME. Le FPM ASBL, structure congolaise créée pour structurer le microfinancement responsable, en assurera le déploiement. En soutenant l’adaptation des produits bancaires aux réalités locales — notamment en matière de crédit flexible, d’épargne accessible et de mécanismes de garantie — le projet vise à lever certains verrous structurels qui entravent le financement des petites unités productives.

Au cœur du dispositif : le renforcement de la capacité des institutions financières locales à identifier, évaluer et accompagner durablement les projets portés par des entrepreneurs souvent informels, mais à fort potentiel de croissance. En retour, une plus grande formalisation de l’économie est attendue, condition indispensable pour améliorer la collecte fiscale et fluidifier les circuits d’investissement internes.

Ce partenariat intervient alors que la politique monétaire congolaise continue de faire face à des défis de stabilisation des prix et de contrôle du crédit. En misant sur une inclusion financière accrue, les autorités entendent renforcer la transmission des impulsions monétaires à l’économie réelle. La Banque centrale du Congo, bien que engagée dans un processus de modernisation de ses outils, reste confrontée à la faiblesse des canaux de transmission, en particulier dans les zones hors du réseau bancaire traditionnel.

Si la réussite du programme repose sur sa capacité à s’adapter aux réalités du terrain, elle dépend également du soutien actif des régulateurs et de la coordination avec les politiques publiques de soutien à l’entrepreneuriat. L’enjeu implicite est de mieux relier la finance au développement local, en sortant d’un modèle vertical souvent peu adapté aux économies informelles.

M. KOSI

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