Entre 118 millions d’habitants et 7,8 millions de déplacés, l’économie congolaise est impactée par des conflits qui réduisent de 10 % la production minière.

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7,8 millions de déplacés

La République Démocratique du Congo, qui compte environ 118 millions d’habitants en 2024, traverse une période de tensions affectant à la fois la vie quotidienne de ses populations et le fonctionnement de son économie. Des décennies de conflits armés et d’instabilités politiques ont conduit à des perturbations profondes dans les secteurs productifs, en particulier dans l’exploitation des ressources minières qui représente près de 40 % des recettes d’exportation. La multiplication des déplacements internes – avec 7,8 millions de personnes concernées à la fin de l’année dernière, dont environ 3 millions dus aux violences intercommunautaires – freine la relance des investissements et pèse sur la croissance, estimée en baisse de 2 à 3 % dans certaines régions.

Dans l’est du pays, la situation se complique dans des territoires riches en ressources naturelles. Des affrontements entre les forces armées nationales et divers groupes armés, dont certains coopèrent temporairement avant de se retourner les uns contre les autres, perturbent l’activité dans le Nord-Kivu et l’Ituri. Les récents épisodes, marqués par une offensive menée par le groupe M23, soutenu par des partenaires extérieurs, ont entraîné la chute de villes stratégiques. La prise de Goma le 27 janvier 2025, suivie de celle de Bukavu le 16 février, a non seulement provoqué d’importants reculs en termes de sécurité humaine – avec des milliers de victimes et des centaines de milliers de déplacés – mais aussi ralenti le trafic commercial, notamment en raison de la fermeture de l’aéroport de Goma qui entrave la circulation des biens et de l’aide.

Les répercussions se font sentir au-delà des frontières orientales. Des provinces telles que l’Ituri, le Sud-Kivu, le Maï-Ndombe, la Tshopo et le Tanganyika enregistrent des perturbations économiques liées aux conflits et aux catastrophes naturelles. Dans l’ouest, un différend ayant éclaté dès 2022 à Kwamouth a contraint plus de 220 000 personnes à quitter leurs foyers, tandis qu’un conflit foncier survenu en février 2023 dans la province de Tshopo a coûté la vie à environ 700 personnes et déplacé 90 000 autres, avec des conséquences sur les échanges commerciaux locaux. De surcroît, des inondations ayant touché 137 villages en 2024 viennent alourdir le fardeau sur un tissu économique déjà fragilisé, limitant l’accès aux services de base et augmentant les coûts de reconstruction.

La multiplication des opérations militaires, conjuguée à une réorganisation des alliances entre groupes armés, a détourné les ressources de l’État vers des dépenses de défense, ce qui complique davantage la mise en œuvre de projets de développement et la modernisation des infrastructures essentielles. Les perturbations dans le secteur minier, par exemple, se traduisent par une baisse de la production avoisinant les 10 %, une donnée qui accentue les difficultés de la balance commerciale et réduit la capacité d’investissement des acteurs locaux et étrangers.

Malgré des tentatives de dialogue initiées lors d’un processus politique à Luanda, l’escalade des violences depuis le début de l’année 2025 redéfinit les priorités tant sécuritaires qu’économiques du pays. L’accumulation des coûts humains et financiers risque d’entraîner un recul durable dans la reprise économique, accentuant ainsi le retard de développement dans des zones déjà fragilisées par des décennies de conflits.

— M. KOSI

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