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Exclusif : la RDC cible un appui budgétaire direct de la BAD pour soulager le Trésor

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La République démocratique du Congo cherche à structurer de nouveaux instruments financiers pour relancer sa politique d’investissement public, largement contrainte par la faible mobilisation des ressources domestiques. Le 19 juin 2025, la Vice-ministre des Finances, Oneige Nsele, a engagé un dialogue bilatéral avec la Banque mondiale et la Banque africaine de développement. L’initiative vise à sécuriser des garanties innovantes pour financer les infrastructures de base, considérées comme un levier de diversification de l’économie nationale, encore largement tributaire des exportations minières.

Dans un contexte de pressions budgétaires croissantes, ces discussions s’inscrivent dans une stratégie visant à réduire le recours à l’endettement classique en intégrant des mécanismes dits de blended finance et des garanties de portefeuille. Ce type de montage financier permettrait de couvrir une partie des risques liés aux investissements dans les secteurs jugés peu attractifs par les opérateurs privés, notamment les routes rurales, l’accès à l’eau ou l’énergie.

La RDC peine à atteindre les seuils recommandés en matière d’investissement public. En 2024, les dépenses d’investissement n’ont représenté que 23,5 % du budget national, contre une moyenne de 30 % observée dans les pays de la région ayant des performances économiques plus stables. De plus, selon les dernières données de la Banque centrale du Congo, la dette publique s’est établie à 20,7 % du PIB fin 2024, un niveau certes contenu mais qui limite la capacité d’endettement à moyen terme, surtout dans un environnement financier mondial marqué par le durcissement des conditions de crédit.

finance et BAD

Une feuille de route est en cours de finalisation. Elle permettra d’identifier les projets structurants à soumettre à ces partenaires techniques et financiers. Cette approche vise à aligner les projets avec les exigences techniques et environnementales des bailleurs, tout en respectant les seuils de soutenabilité budgétaire définis dans le cadre des revues avec le FMI. À noter que dans le dernier rapport du FMI publié en avril 2025, il est recommandé à la RDC de privilégier les financements concessionnels, et d’accroître la transparence dans l’allocation des ressources liées aux partenariats publics-privés.

La Banque africaine de développement pourrait par ailleurs intervenir en soutien direct au Trésor, à travers un appui budgétaire complémentaire. Une enveloppe en discussion, qui viserait à compenser le déséquilibre croissant entre les recettes courantes et les engagements fixes de l’État. Ces ressources permettraient de maintenir le rythme des décaissements dans les secteurs prioritaires, tout en évitant une expansion monétaire susceptible d’alimenter les tensions inflationnistes observées depuis la fin du premier trimestre 2025.

Dans un pays où près de 75 % des recettes publiques proviennent encore du secteur extractif, l’orientation de ces discussions traduit une volonté d’ancrer l’investissement dans une logique de transformation structurelle. La réussite de cette approche dépendra néanmoins de la capacité des autorités à produire des projets techniquement solides, bancables et conformes aux standards internationaux. Les prochaines semaines seront décisives pour concrétiser les engagements annoncés et initier un nouveau cycle de financement ciblé.

— M. KOSI.

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