La Ligue congolaise de lutte contre la corruption a exposé un mécanisme qui détournerait des ressources minières destinées à financer des activités illégales dans l’est du pays. Selon le communiqué, trois entreprises – Traxys, Mine Terra et Sunrise – seraient impliquées dans l’acquisition de minerais extraits de manière illicite à Rubaya, dans le Nord-Kivu, par des opérateurs originaires du Rwanda.
D’après les informations fournies, ces sociétés n’interviennent pas directement dans les échanges. En réalité, elles utiliseraient des entités fictives pour masquer leurs opérations commerciales. Ernest Mpararo, représentant de l’organisme, a ainsi indiqué que « les transactions se font exclusivement par l’intermédiaire de sociétés écrans qui recueillent les flux financiers et logistiques, dissimulant ainsi l’identité des véritables acteurs ». Par exemple, la société belge Traxys confierait la gestion de ses échanges au comptoir African Panther Resources, lequel centralise à la fois les ressources monétaires et les formalités d’exportation. Simultanément, la firme chinoise Sunrise recourt à une structure du même nom pour opérer sur le terrain.
La stratégie exposée par la Ligue inclut également l’intervention d’un intermédiaire basé à Kigali, Eastern Group Mineral, chargé de relier l’extraction des minerais à leur distribution sur les marchés internationaux. De surcroît, des acteurs locaux tels que Kivu Minerals, actifs dans les zones de Goma et Bukavu, seraient associés à ces opérations, rendant la traçabilité des ressources plus complexe.
Le communiqué soulève par ailleurs la question de l’efficacité du dispositif européen instauré en 2021 pour encadrer l’importation de minerais provenant de régions en conflit. Malgré les démentis officiels des sociétés concernées – qui affirment respecter les normes internationales et disposer de procédures internes rigoureuses –, la Ligue exprime ses doutes quant à la capacité des contrôles actuels à prévenir le détournement de ces ressources.
Les révélations mises au jour incitent à repenser la surveillance des circuits miniers et rappellent la nécessité d’une coopération renforcée entre les autorités congolaises et les instances internationales. Les investigations en cours devraient permettre de mieux éclairer les mécanismes en place et d’orienter de futures actions visant à assurer la transparence des échanges.
— Peter MOYI