Les caisses publiques de la République démocratique du Congo ont enregistré un déficit de plus de 940 milliards de francs congolais au mois de mai 2025, soit environ 329 millions de dollars. Ce trou budgétaire provient d’un décalage entre des recettes fiscales limitées à 1.201,3 milliards de CDF et des dépenses qui ont atteint 2.142,1 milliards, d’après les dernières données publiées par la Banque centrale du Congo (BCC).
Un mois sous pression pour les finances de l’État. Alors que le plan de trésorerie tablait sur 1.660,2 milliards de CDF en recettes pour le mois, seuls 72,4 % de cet objectif ont été atteints. En parallèle, les dépenses ont atteint près de 63 % des prévisions annuelles, ce qui révèle un rythme de décaissement soutenu sans contrepartie proportionnelle en recettes.
Une lecture détaillée du rapport permet de comprendre la structure de cette tension. Les charges courantes, principalement incompressibles, ont consommé 886,3 milliards de CDF. La masse salariale de la fonction publique à elle seule a absorbé près de 428 milliards de CDF, tandis que les frais de fonctionnement des ministères et institutions ont coûté 214,8 milliards. À cela s’ajoutent 138,5 milliards de subventions, affectées à des programmes sociaux, des aides sectorielles ou des ajustements tarifaires.
En matière d’investissements publics, le gouvernement a engagé 405,7 milliards de CDF, soit environ 81 % du budget alloué aux dépenses en capital pour ce mois. Ces financements ont surtout été affectés à des projets d’infrastructures, avec un accent mis sur l’amélioration des routes nationales, la réhabilitation d’équipements publics et l’acquisition de matériel administratif.
Face à ce déséquilibre, le Trésor public se tourne une fois de plus vers le marché intérieur. Une adjudication d’obligations du Trésor de 65 millions USD est annoncée pour le mardi 3 juin. Il s’agit d’un emprunt à 18 mois, rémunéré à 9 % d’intérêt annuel, remboursable en dollars américains par tranches semestrielles.
Ce mode de financement, bien que pratique à court terme, soulève des interrogations sur la soutenabilité de l’endettement intérieur. L’État a déjà intensifié son recours aux titres publics au cours des douze derniers mois, avec des taux attractifs pour séduire les banques commerciales et autres investisseurs institutionnels.
L’urgence budgétaire à laquelle fait face Kinshasa reflète aussi un problème plus structurel : la faible mobilisation des recettes fiscales. En dépit des efforts de modernisation entrepris par la Direction générale des impôts (DGI) et la Direction des douanes et accises (DGDA), le rendement reste insuffisant pour couvrir les besoins croissants de l’administration.
À ce jour, le pays continue de dépendre fortement des financements extérieurs et des appuis budgétaires internationaux, notamment ceux du FMI. Mais les versements restent conditionnés à des réformes de fond, notamment sur la transparence des dépenses et la maîtrise de la masse salariale.
Le déséquilibre du mois de mai rappelle ainsi une évidence : sans une réforme en profondeur de la politique fiscale et une discipline rigoureuse des dépenses, le gouvernement congolais continuera à courir après l’argent pour honorer ses engagements les plus élémentaires.
— M. MASAMUNA






