En République démocratique du Congo, la formalisation d’une entreprise ne relève plus du parcours du combattant. Trois jours suffisent aujourd’hui pour obtenir l’ensemble des documents officiels permettant d’exercer légalement une activité économique, grâce au Guichet Unique de Création d’Entreprise (GUCE). Cette évolution traduit une volonté gouvernementale d’encourager l’investissement local et étranger, dans un climat d’affaires encore en reconstruction mais de plus en plus structuré.
Pour les entrepreneurs individuels, les pièces à fournir restent accessibles : pièce d’identité, casier judiciaire valide, preuve de domicile ou bail, et éventuellement un contrat de mariage ou un titre de séjour pour les étrangers. Une procuration est exigée si le promoteur n’est pas présent. Le coût de la procédure est fixé à 40 dollars américains, un tarif relativement bas en comparaison régionale.
Du côté des sociétés, les formalités sont un peu plus complexes mais restent dans des délais maîtrisables. Il faut présenter les statuts de la société (en quatre exemplaires), le spécimen de signature du gérant, la déclaration de souscription et de versement du capital, ainsi que les preuves de libération des fonds et de paiement des frais. Le tarif varie en fonction du type d’acte : 110 USD pour les statuts notariés et 100 USD pour les actes sous-seing privé.
Une fois les pièces déposées, le GUCE délivre un ensemble de documents indispensables : le Registre de Commerce et de Crédit Mobilier (RCCM), le numéro d’identification fiscale, ainsi que les numéros d’enregistrement auprès de l’INPP, de la CNSS et de l’ONEM. Ces éléments constituent l’ossature administrative d’une entreprise reconnue par les autorités.
En parallèle, l’Agence Nationale pour la Promotion des Investissements (ANAPI) joue un rôle de facilitateur pour les porteurs de projets. L’organisme fournit des informations sectorielles, accompagne les investisseurs dans les démarches et oriente vers les incitations fiscales prévues dans le Code des investissements. L’un des objectifs de l’ANAPI est clair : accroître la formalisation de l’économie congolaise, encore largement dominée par l’informel, estimé à plus de 85 % des unités économiques selon les dernières données de l’INS.
Cet effort de simplification administrative se veut un levier pour attirer les capitaux, mais aussi pour accroître la collecte fiscale et renforcer la protection juridique des entreprises. À travers ce processus, l’État congolais entend également mieux encadrer le tissu entrepreneurial et favoriser la création d’emplois durables.
Dans un contexte économique où les opportunités existent dans les secteurs porteurs tels que l’agriculture, les mines, la logistique, la transformation locale ou encore le numérique, formaliser son activité n’est plus seulement une obligation : c’est une passerelle vers un écosystème plus vaste d’accompagnement, d’accès au financement et de reconnaissance institutionnelle.
— Peter MOYI






